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Dossier TN – Guerre commerciale, inflation, réformes... Le FMI décrypte les défis économiques mondiaux en 2025
Publié dans Tunisie Numérique le 02 - 01 - 2026

La croissance économique mondiale fait preuve d'une résilience fragile dans un climat d'incertitude élevé. D'après la mise à jour de juillet 2025 du FMI, la croissance mondiale devrait s'établir à 3,0 % en 2025 et 3,1 % en 2026, soit des projections légèrement supérieures de +0,2 et +0,1 point de pourcentage respectivement aux prévisions d'avril dernier.
Après un rythme estimé à 3,5 % en 2023, l'activité mondiale ralentirait un peu à 3,3 % en 2024 avant de se raffermir modestement en 2025. Cette embellie relative est toutefois en trompe-l'œil : elle a été favorisée en début d'année 2025 par des facteurs ponctuels – notamment des achats massifs par anticipation de hausses de tarifs douaniers – plutôt que par une vigueur sous-jacente de l'économie.
Parallèlement, l'inflation mondiale poursuit sa décrue progressive, avec une inflation globale projetée à 4,2 % en 2025 puis 3,6 % en 2026, des niveaux quasiment inchangés par rapport aux précédentes projections.
Néanmoins, ce tableau d'ensemble masque d'importantes disparités entre pays : aux Etats-Unis, l'inflation devrait rester au-dessus de la cible de 2 % jusqu'en 2026, tandis que dans la zone euro elle redescendrait plus modérément vers l'objectif, aidée par l'appréciation de l'euro et des mesures temporaires.
Globalement, la détente de la demande mondiale et la baisse des prix de l'énergie soutiennent la désinflation, même si certaines tensions persistent sur les prix de certains produits de base.
Croissance mondiale : des prévisions légèrement relevées
Malgré les incertitudes, le FMI relève légèrement ses perspectives de croissance pour l'année prochaine. La croissance mondiale de 2025 est désormais attendue à 3,0 %, soit 0,2 point de plus que prévu en avril, grâce à une activité plus résiliente qu'anticipé début 2025.
Cette performance meilleure s'explique en partie par des conditions financières plus accommodantes et un affaiblissement du dollar américain, qui ont soutenu l'investissement et le commerce début 2025, ainsi que par le report de certaines hausses de tarifs douaniers. Cependant, la composition de la croissance indique des distorsions temporaires plutôt qu'un élan durable : par exemple, les entreprises ont fortement augmenté leurs importations et leurs investissements au premier trimestre 2025 pour devancer la hausse annoncée des tarifs, ce qui a dopé l'activité à court terme.
Aux Etats-Unis, cette frénésie d'achats s'est traduite par un bond des importations début 2025, tandis que la consommation domestique marquait le pas ; le PIB américain a même légèrement reculé au T1, première contraction trimestrielle en trois ans.
Dans la zone euro, la croissance a surpris positivement début 2025, tirée par un sursaut d'exportations et d'investissements, mais là encore un facteur exceptionnel a joué : l'Irlande a connu une hausse historique de ses exportations pharmaceutiques vers les Etats-Unis (grâce aux commandes anticipées et à de nouveaux sites de production), ce qui a artificiellement gonflé la croissance de la zone euro.
Sans l'Irlande (qui ne pèse que 5 % du PIB de la zone euro), la révision à la hausse de la prévision de croissance européenne pour 2025 n'aurait été que de +0,1 point au lieu de +0,2. Au total, la zone euro devrait croître de 1,0 % en 2025 puis 1,2 % en 2026, confirmant un rebond modeste de l'activité sur le Vieux Continent.
Aux Etats-Unis, la croissance est prévue ralentir à 1,9 % en 2025 (après ~2,8 % en 2024) puis remonter légèrement à 2,0 % en 2026, reflétant l'impact des conditions monétaires serrées mais aussi une politique budgétaire devenue plus expansionniste à court terme.
Dans l'ensemble des pays avancés, la croissance devrait rester modérée à 1,5 % en 2025 et 1,6 % en 2026. Au Japon, on anticipe un rythme modeste (0,7 % en 2025, 0,5 % en 2026), tandis que le Royaume-Uni tournerait autour de 1,2–1,4 %. Du côté des pays émergents et en développement, la croissance combinée est projetée à 4,1 % en 2025 et **4,0 % en 2026】, des chiffres en légère amélioration pour 2025.
La Chine voit sa prévision 2025 nettement revue à la hausse à 4,8 % (+0,8 point par rapport à avril) grâce à une activité plus vigoureuse qu'anticipé au premier semestre et à la réduction des droits de douane entre les Etats-Unis et la Chine. Le seul premier trimestre 2025 en Chine, avec un PIB en hausse annualisée de 6 %, a mécaniquement contribué à relever la croissance annuelle de +0,6 point. En 2026, la Chine devrait croître encore de 4,2 % (+0,2 point de plus qu'estimé précédemment) sous l'effet prolongé de l'assouplissement des barrières douanières.
L'Inde, de son côté, conserverait un rythme élevé de 6,4 % en 2025 comme en 2026, ces projections étant elles aussi légèrement rehaussées compte tenu d'une conjoncture extérieure plus favorable qu'escompté.
Sur le plan régional, les perspectives sont contrastées. Dans la région Moyen-Orient et Asie centrale (qui inclut notamment le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord), la croissance accélérerait à 3,4 % en 2025 puis 3,5 % en 2026, marquant un net rebond après la faiblesse de 2024.
Plus spécifiquement, la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) passerait d'une croissance atone de 1,9 % en 2024 à 3,2 % en 2025, sous l'impulsion de la reprise de certains grands pays producteurs et d'un environnement extérieur plus porteur. En Afrique subsaharienne, la croissance resterait stable autour de 4,0 % en 2025 (après 4,0 % en 2024) puis s'élèverait à 4,3 % en 2026, soutenue par une demande intérieure résiliente dans plusieurs économies clés.
En Amérique latine, l'activité devrait au contraire marquer le pas à 2,2 % en 2025 (en baisse par rapport aux ~2,4 % de 2024) avant de revenir à 2,4 % en 2026.
Enfin, les pays émergents d'Europe subiraient une croissance particulièrement morose (seulement 1,8 % en 2025 et 2,2 % en 2026), pénalisés par le ralentissement de leurs principaux partenaires commerciaux et des conditions de financement moins favorables.
Le commerce mondial devrait connaître une évolution en dents de scie. Après une nette reprise attendue à +3,5 % en 2024, le volume des échanges internationaux ralentirait à +2,6 % en 2025 avant de retomber à +1,9 % en 2026. Ce profil inhabituel s'explique par des anticipations d'importations effectuées en 2024-2025 (dans le contexte incertain des tensions commerciales) qui gonflent temporairement les échanges, suivies d'un contrecoup à partir du second semestre 2025 lorsque ces stocks seront écoulés.
En conséquence, la prévision de croissance du commerce a été révisée en forte hausse pour 2025 (+0,9 point) puis à la baisse pour 2026 (–0,6 point). Du côté des matières premières, les cours pétroliers, déjà en repli en 2023, sont projetés en nouvelle baisse de –13,9 % en 2025 (après –1,8 % en 2024), reflet d'une demande mondiale modérée et d'une offre qui reste ample.
À l'inverse, les prix des produits de base hors énergie pourraient rebondir transitoirement (+7,9 % en 2025) sous l'effet de possibles perturbations d'offre et de la reconstitution de certains stocks.
Ces évolutions contrastées laissent penser que la détente de l'inflation globale pourrait être freinée par des hausses de prix sectorielles, même si la tendance de fond reste à l'accalmie des tensions inflationnistes.
Inflation en baisse, mais des divergences selon les pays
La désinflation mondiale se confirme, mais à des vitesses inégales. Comme indiqué, l'inflation globale devrait redescendre à 4,2 % en 2025 puis 3,6 % en 2026, prolongeant la trajectoire prévue en avril. Ce reflux généralisé des pressions sur les prix est favorisé par le ralentissement de la demande mondiale et par la chute des cours de l'énergie observée depuis 2022.
Toutefois, les différences entre pays restent marquées en raison de la nature des chocs économiques subis. Dans les pays qui imposent de nouveaux droits de douane (Etats-Unis en tête), ces tarifs douaniers agissent comme un choc d'offre négatif : ils renchérissent certains coûts et devraient se répercuter progressivement sur les prix à la consommation domestiques, ce qui pourrait maintenir l'inflation à un niveau plus élevé au moins jusqu'au second semestre 2025.
À l'inverse, pour les pays qui subissent ces barrières sans y répondre, les tarifs constituent un choc de demande négatif qui pèse sur l'activité et atténue les pressions inflationnistes locales.
Les grandes économies illustrent bien cette divergence. Aux Etats-Unis, malgré le ralentissement de l'économie, l'inflation sous-jacente peine à retomber suffisamment : elle resterait supérieure à l'objectif de 2 % jusqu'à fin 2026. Concrètement, le FMI anticipe une inflation américaine autour de 2,8 % en 2025 et 2,5 % en 2026 (après 4,1 % estimé en 2024) – un niveau élevé qui s'explique en partie par l'effet direct des tarifs douaniers supplémentaires et par la vigueur des dépenses publiques américaines.
En revanche, dans la zone euro, la dynamique inflationniste serait plus modérée : l'inflation tomberait à environ 2,0 % dès 2025 puis 1,8 % en 2026, grâce à la baisse des prix de l'énergie, à l'appréciation de l'euro et à certaines mesures budgétaires ponctuelles qui allègent temporairement les prix.
Le cas de la Chine est particulier : son inflation globale devrait rester très faible (aux alentours de 0,5 % en 2025) et quasi inchangée par rapport aux projections précédentes. Les autorités chinoises font même face à une inflation sous-jacente légèrement relevée du fait d'une demande interne stimulée par des mesures de relance, mais dans l'ensemble la stabilité des prix en Chine contraste fortement avec les autres régions.
Quant aux pays émergents dans leur ensemble, leur inflation moyenne reculerait de 7,7 % en 2024 à 5,4 % en 2025 puis 4,5 % en 2026, demeurant plus élevée que celle des économies avancées (2,5 % puis 2,1 % en 2025-2026 pour le groupe des pays avancés) du fait notamment de la composante alimentaire et de la dépréciation passée de certaines devises.
Des risques persistants qui pèsent sur les perspectives
Si le scénario central prévoit un ralentissement limité et une désinflation graduelle, les risques entourant ces perspectives mondiales s'orientent nettement à la baisse. Autrement dit, plusieurs éléments pourraient faire dévier la conjoncture vers un tableau moins favorable que prévu. Parmi les principaux risques identifiés :
* Escalade des tensions commerciales : L'équilibre précaire obtenu sur le front des tarifs douaniers pourrait à nouveau se rompre. Les Etats-Unis ont laissé entendre qu'ils pourraient relever fortement certains droits de douane (jusqu'à 50 % sur le cuivre, d'après des courriers officiels) dès le 1er août 2025 si aucun accord durable n'est trouvé avec leurs partenaires. Un retour aux niveaux de tarifs élevés annoncés début avril ou pire, une nouvelle surenchère protectionniste, freineraient la croissance mondiale. Selon des simulations des services du FMI, l'application des tarifs maximaux envisagés ferait baisser la croissance mondiale de l'an prochain d'environ 0,2 point de pourcentage par rapport au scénario de référence. En outre, l'extension des barrières à des secteurs névralgiques (électronique, produits pharmaceutiques...) ou l'usage de mesures non tarifaires sur des intrants critiques pourraient perturber les chaînes d'approvisionnement et amplifier les chocs sur les prix, provoquant un surcroît d'inflation persistant. Même sans aggravation immédiate des tarifs, le maintien d'une incertitude commerciale élevée pourrait suffire à peser davantage sur l'activité : si les échéances fixées par les Etats-Unis pour de potentielles mesures additionnelles passent sans accord, les entreprises pourraient freiner leurs investissements et revoir à la baisse leurs échanges, en particulier dans les secteurs exportateurs.
* Chocs géopolitiques : Une escalade des conflits ou tensions dans certaines zones sensibles – par exemple une détérioration de la situation au Moyen-Orient ou en Ukraine – ferait surgir de nouveaux chocs d'offre négatifs mondiaux. Des perturbations des routes maritimes, des sanctions élargies ou des dommages aux infrastructures d'approvisionnement pourraient provoquer une envolée des prix des produits de base et désorganiser davantage les échanges. On verrait alors réapparaître des pressions inflationnistes là où elles reculaient, couplées à un coup de frein sur la croissance. Ce contexte compliquerait la tâche des banques centrales, déjà aux prises avec des arbitrages délicats, en les forçant à jongler entre soutien à l'activité et lutte contre l'inflation.
* Vulnérabilités budgétaires et financières : Le niveau historiquement élevé de la dette publique et des déficits budgétaires dans de nombreux pays développés constitue un risque latent pour la stabilité financière mondiale. Des grandes économies comme les Etats-Unis, la France ou le Brésil prévoient des déficits publics importants en 2025 malgré une dette déjà élevée. Une détérioration de la confiance des investisseurs pourrait alors entraîner une hausse des taux d'intérêt à long terme (hausse des primes de risque), durcissant les conditions financières internationales. Dans le cas des Etats-Unis, un choc de confiance sur la soutenabilité de leur trajectoire budgétaire pourrait non seulement relever leurs taux longs mais aussi provoquer de fortes turbulences sur les marchés financiers mondiaux – d'autant plus si s'y ajoutent les craintes liées à une fragmentation géoéconomique accrue et aux interrogations sur l'avenir du dollar comme pilier du système monétaire international.
* Retour de bâton après les achats d'anticipation : Le fait que la première moitié de 2025 ait été marquée par d'importants achats de précaution et une accumulation de stocks fait peser un risque de correction brutale ultérieure. Si la demande réelle pour absorber ces stocks n'est pas au rendez-vous ou si le crédit se resserre, les entreprises pourraient se retrouver avec des surstocks coûteux – engendrant des frais de stockage et un risque d'obsolescence des marchandises. Cela pourrait forcer une réduction plus marquée des nouvelles commandes et importations dans les trimestres à venir, amplifiant le ralentissement économique au-delà de ce qui est anticipé dans le scénario central.
Du côté positif, un dénouement plus favorable des différends commerciaux pourrait au contraire soutenir la croissance mondiale. Par exemple, des progrès dans les négociations aboutissant à un cadre d'échanges plus stable et à une réduction effective des tarifs donneraient un coup de fouet à la confiance des entreprises.
La dissipation des incertitudes, si elle s'accompagne d'accords commerciaux incluant non seulement les marchandises mais aussi les services (notamment numériques) et l'investissement, pourrait stimuler l'investissement productif et l'innovation à travers le monde.
Un tel scénario vertueux – bien que loin d'être acquis – aurait des retombées positives plus vastes, notamment en renforçant la productivité et en améliorant le potentiel de croissance à moyen terme dans de nombreux pays.
En somme, la balance des risques penche clairement du côté d'une dégradation, mais quelques éléments catalyseurs pourraient, s'ils se matérialisaient, inverser la tendance et améliorer les perspectives par rapport au scénario de base.
Quelles politiques pour renforcer la confiance et la viabilité ?
Face à ces défis, le rapport insiste sur la nécessité pour les autorités de mener des politiques proactives afin de rétablir la confiance, la prévisibilité et la viabilité de l'environnement économique. Plusieurs axes d'action prioritaires se dégagent pour les décideurs publics et les banques centrales :
* Réduire l'incertitude commerciale : Les gouvernements doivent œuvrer à clarifier le cadre des échanges internationaux, en coopérant de façon pragmatique pour moderniser les règles commerciales là où elles ne fonctionnent plus et en cherchant des accords multilatéraux, plurilatéraux ou bilatéraux pour apaiser les tensions. L'objectif est d'éviter une fragmentation coûteuse : toute négociation doit viser à diminuer les barrières au commerce et à l'investissement, plutôt qu'à les déplacer au détriment de tiers. S'attaquer aux causes profondes des déséquilibres (par exemple les excédents extérieurs excessifs liés à des choix de politique économique internes) de manière coordonnée permettrait de trouver des solutions plus durables aux conflits commerciaux. De même, il convient de faire un usage mesuré et ciblé des politiques industrielles ou des subventions : de larges plans de soutien pour doper artificiellement les exportations peuvent certes stimuler l'activité à court terme, mais ils risquent de générer des distorsions et du gaspillage de ressources, surtout dans un contexte de marges budgétaires limitées. Mieux vaut concentrer ces mesures sur la correction de défaillances de marché clairement identifiées, et de préférence en concertation avec les partenaires pour limiter les effets de riposte compétitive. Plus généralement, une coopération internationale renforcée – en matière commerciale, fiscale, ou de politiques industrielles – permettrait d'atténuer les retombées négatives transfrontalières et d'aider les pays les plus vulnérables.
* Assainir les finances publiques : Il est impératif de reconstituer des marges de manœuvre budgétaire et d'assurer la viabilité des dettes publiques afin de se préparer à de futurs chocs et de restaurer la confiance. Concrètement, cela implique d'engager un redressement graduel mais crédible des soldes budgétaires à moyen terme, en privilégiant des ajustements favorables à la croissance. Les Etats sont encouragés à accroître les recettes fiscales (par exemple via un élargissement de l'assiette, une meilleure administration ou la lutte contre l'évasion) et à améliorer l'efficacité des dépenses publiques pour en faire plus avec moins. Dans le même temps, stimuler la participation du secteur privé – par des incitations à l'investissement, des partenariats public-privé judicieux – peut aider à relancer la machine sans creuser les déficits. En cas de nouveau choc conjoncturel négatif, les stabilisateurs automatiques (tels que les allocations chômage, les filets de sécurité sociale) devraient être autorisés à jouer pleinement pour soutenir la demande, plutôt que de recourir d'emblée à des plans de relance discrétionnaires coûteux. Toute nouvelle mesure de soutien budgétaire discrétionnaire, si elle s'avère nécessaire, devrait être ciblée sur les acteurs les plus touchés (par exemple les travailleurs ou secteurs victimes des perturbations du commerce), temporaire et assortie de clauses de sortie automatiques. De plus, pour ne pas alourdir la trajectoire de dette, ces mesures devraient idéalement être compensées par des économies dans d'autres postes de dépense ou par des recettes additionnelles, surtout dans les pays dont la capacité d'endettement est contrainte. En somme, une discipline budgétaire intelligente, combinant soutien ciblé et responsabilité fiscale, est nécessaire pour restaurer la soutenabilité financière sans étouffer la reprise.
* Adapter les politiques monétaires aux chocs : Les banques centrales doivent calibrer finement leur réponse en fonction de la nature des chocs que subit leur économie. Dans les pays confrontés à un choc d'offre (par exemple ceux qui imposent des tarifs douaniers élevés ou subissent une envolée des prix importés), le dilemme de politique monétaire est aigu : il faut éviter qu'une poussée inflationniste ponctuelle due aux tarifs ne se transforme en inflation durable, tout en limitant autant que possible l'impact récessif sur l'activité réelle. Dans ces cas, il peut être justifié de maintenir une orientation monétaire plus stricte tant qu'il n'y a pas de preuves tangibles d'un reflux durable de l'inflation et des anticipations d'inflation vers la cible. À l'inverse, pour les pays subissant surtout un choc de demande négatif (ceux qui ne participent pas directement à la guerre commerciale mais en subissent le contrecoup), un assouplissement graduel de la politique monétaire est envisageable afin de soutenir l'activité, étant donné que l'inflation y est contenue. Ces réponses divergentes ont pour corollaire une possible dispersion des orientations monétaires à travers le monde, les uns maintenant des taux élevés pendant que d'autres les baissent. Cela pourrait induire des mouvements de capitaux et de taux de change plus volatils. En temps normal, il est souhaitable de laisser les taux de change s'ajuster librement pour absorber les chocs. Toutefois, si des mouvements de change devenaient excessivement désordonnés ou persistent au point de menacer la stabilité financière, les décideurs disposent de l'arsenal de l'approche intégrée promue par le FMI : interventions temporaires sur le marché des changes ou mesures de gestion des flux de capitaux peuvent être envisagées de manière ciblée, tout en maintenant autant que possible une politique monétaire et budgétaire cohérente avec les fondamentaux. Quoi qu'il en soit, dans ce contexte incertain, il est crucial que les banques centrales communiquent de façon claire et cohérente et que leur indépendance soit assurée et respectée, afin d'ancrer les anticipations et de préserver la confiance dans la trajectoire de la politique monétaire.
* Préserver la stabilité financière : L'accroissement de la volatilité et de l'incertitude exige un renforcement des dispositifs prudentiels et de surveillance des risques dans le secteur financier. Les autorités de régulation doivent veiller à ce que les banques et institutions financières disposent de coussins de capital et de liquidité suffisants pour encaisser d'éventuels chocs (corrections de marché, pertes sur prêts en cas de retournement économique, etc.). Une attention particulière doit être portée aux segments vulnérables (par exemple la dette des entreprises les plus endettées, ou les fonds exposés à des risques de retrait massif) afin de limiter tout effet de contagion. Comme le souligne le FMI, un recours accru à des analyses de scénarios et des plans d'urgence serait judicieux dans la période actuelle : il s'agit de préparer à l'avance des réponses face aux différents risques identifiés (escalade commerciale, choc pétrolier, crise financière...), de sorte à pouvoir agir vite et de manière coordonnée si l'un de ces scénarios noirs se concrétisait.
* Stimuler le potentiel de croissance : Enfin, le rapport rappelle que la meilleure façon de faciliter les arbitrages macroéconomiques à l'avenir est d'élever la croissance potentielle des économies. Des réformes structurelles de long terme, bien pensées, sont essentielles pour doper la productivité et renforcer la résilience face aux chocs. Il s'agit notamment d'améliorer le fonctionnement des marchés du travail (par la formation des compétences, la réduction des obstacles à la mobilité et à l'embauche), de réformer les systèmes éducatifs pour mieux adapter les travailleurs aux emplois de demain, de simplifier la réglementation des affaires et de promouvoir la concurrence afin de dynamiser l'investissement privé. Parallèlement, encourager les progrès technologiques est crucial : la transition numérique, l'adoption de l'intelligence artificielle et plus généralement l'innovation technologique peuvent apporter un surcroît de productivité significatif s'ils sont bien accompagnés. De telles mesures, quoique moins spectaculaires à court terme, augmenteraient le taux de croissance tendanciel et créeraient des emplois de meilleure qualité, ce qui en définitive faciliterait la gestion des dettes publiques et réduirait la vulnérabilité des économies aux chocs futurs. En d'autres termes, préparer l'avenir via les réformes aujourd'hui est le moyen le plus sûr de concilier stabilité et prospérité dans un contexte mondial plus incertain que jamais.
En conclusion, l'économie mondiale affiche pour l'instant une résilience inattendue, avec une croissance 2025 légèrement rehaussée et une inflation en voie d'apaisement.
Mais cette résistance repose en partie sur des facteurs temporaires et cache de profondes fragilités. L'environnement international reste marqué par une incertitude exceptionnelle, qu'elle provienne des tensions commerciales, des risques géopolitiques ou des déséquilibres financiers latents.
Les décideurs tunisiens – à l'instar de leurs homologues dans le monde – devront suivre de près ces évolutions car les retombées sur une économie ouverte comme la Tunisie peuvent être significatives.
Les principales conclusions de ce rapport du FMI appellent ainsi à la prudence et à l'anticipation : renforcer les filets de sécurité économiques, désamorcer les conflits commerciaux, et investir dans les réformes structurelles pour que, au-delà de la gestion des crises actuelles, une croissance plus robuste et soutenable puisse émerger dans les années à venir.
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