Les dernières nominations à la tête des institutions médiatiques ont soulevé maintes controverses, et le soupçon que le gouvernement provisoire actuel veuille monopoliser ce secteur se confirme. Rappelons que Lotfi Touati a été nommé président directeur général du groupe “Dar Assabah” pour sa proximité avec le mouvement Ennahdha, d'après les journalistes d'Assabah. D'autres journalistes de la télévision nationale ont dénoncé la nomination d'Imen Bahroun directrice de cette institution. Ils ont indiqué que cette nomination est fondée sur le critère de la loyauté, puisqu'elle n'a pas cessé, selon eux, de faire de la propagande politique en faveur du parti Ennahdha. Rappelons aussi le sit-in des partisans d'Ennahdha devant le siège de la télévision nationale au Nord Hilton qui a duré des mois afin de faire pression sur les journalistes et influer sur sa ligne de traitement de l'information pour en faire un outil de propagande au service du gouvernement. La censure revient au galop.. Un mandat de dépôt contre le journaliste Sami Fehri a été émis vendredi 24 août 2012 pour le motif de compensations interdites. Des spécialistes en Droits affirment que cette affaire n'exige pas une telle sanction, mais une simple amende. Abdelhamid Essid, avocat de Fehri a exprimé son étonnement vis- à- vis de ce mandat, en indiquant que c'est « scandaleux » et « inacceptable ». Pour sa part, l'avocate Sonia Dahmani a déclaré que la justice a émis le mandat de dépôt à une heure tardive, la veille du vendredi 24 août 2012, sans convoquer ni l'accusé ni ses avocats, ce qui est une violation de la loi. Elle a ajouté que le juge a pris des vacances juste après l'émission du mandat de dépôt, ce qui a empêché les avocats de Sami Fehri de le contacter. Poursuites contre Sami Fehri, s'agit-il un règlement de compte politique? Sami Fehri a affirmé qu'il est poursuivi suite à la production de l'émission satirique « Lougik Essiessi » sur Ettounisiya TV. Il a ajouté que cette émission a gêné certains membres du gouvernement, et a poussé Lotfi Zitoun, le conseiller politique du chef du gouvernement, à le contacter par téléphone pour lui demander ne plus la diffuser. De son côté, Zitoun a nié cette déclaration et a indiqué que le producteur de la série, Moez Ben Gharbia, l'avait contacté et lui avait demandé son avis concernant cette émission. Il a mentionné que les guignols représentent une atteinte contre les personnalités politiques du pays, en ajoutant qu'il dénoncera tout journaliste défendant Sami Fehri. Il semble que la situation se dégrade de plus en plus, à la suite du braquage subi par Slim Trabelsi, un caméraman de la chaine Ettounisiya, samedi 25 août 2012 qui a été brutalement agressé, aussi bien physiquement que moralement. Une liberté manquée.. Les médias s'accordent sur le fait que la liberté d'expression est menacée à cause de la censure de l'émission ” Lougik Siessi”, et certains ont affirmé que cette émission satirique a tellement dérangé le gouvernement qu'un juge a été réveillé à 22h pour émettre un mandat de dépôt contre Sami Fehri, chose qui ne s'était pas produite auparavant,même à l'époque de l'ancien régime. D'autres responsables médiatiques considèrent que le gouvernement ne cache pas son aversion vis- à- vis des médias en les traitant de médias de la honte jusqu'à ce que cette attribution devienne une métaphore qui est reprise dans les médias étrangers. Certains médias étrangers estiment que le plus grave danger qui pourrait menacer la démocratie est la censure et l'atteinte à la liberté d'expression. Ils affirment que le gouvernement actuel a détruit l'élan révolutionnaire pour se partager les dividendes politiques.