Le rappel impromptu et non moins intempestif de Zohra Ladgham, Chargé d'Affaires à Helsinki, soulève plus de questions qu'il n'en résout. Sur la base d'une vidéo où rien ne prouve qu'il y a délit ou manquement, à part un policier discutant avec une femme, Zohra Ladgham a été jugée au quart de tour coupable de commettre d'infractions aux règles diplomatiques et d'être interpelée par la police finlandaise en état d'ébriété, et à ce titre, en guise de sanction, elle a été priée de rentrer immédiatement à Tunis. Une question s'impose : Est-ce fortuit que des présumés salafistes, caméra en main, soient présents sur les lieux au moment où le policier discute avec Zohra Ladgham ? La coïncidence est trop fumeuse pour être retenue. Donc, il y anguille sous roche. Malheureusement Rafik Abdessalem a dégainé et cartonné sans s'encombrer de telles louches zones d'ombre ni articuler sa réflexion sur un fond d'analyse ou de contradiction, se limitant à un sommaire et non moins arbitraire traitement. Supposons, par stricte hypothèse, que l'état d'ébriété ait été établie, la moindre des corrections et des garanties légales consiste, préalablement à toute mesure coercitive, à donner à la présumée coupable l'opportunité de présenter sa version des faits et de se défendre. Pourquoi ce droit élémentaire n'a pas été accordé ? L'administration ou plutôt le Ministre des Affaires Etrangères s'est empressé de sévir sans procéder à un juste arbitrage et sans nourrir la moindre attention à l'honneur, l'image et la carrière de l'intéressée qui en sont maintenant lourdement entachés. Selon les affirmations de Rafik Abdessalem sur Mosaïque FM, une commission d'enquête sera diligentée et dépêchée à Helsinki pour examiner l'affaire et en faire rapport. Donc, on tire d'abord puis on cherche le mobile après coup ! Ce n'est ni juste ni légal ni humain. Une telle rapidité de réaction et d'exécution, notamment quand il s'agit de femmes, n'est pas exceptionnelle ni étrangère à l'attitude d'ensemble de Rafik Abdessalem, friand et accoutumé d'actes misogynes depuis qu'il est à la tête du Département. Déjà trois femmes ambassades (sur seulement cinq en poste) ont été rappelées, avant terme, il y a quelques mois, pour des raisons jusqu'ici obscures. Il n'a pas daigné recevoir ces femmes qui ont pourtant sollicité, à diverses reprises, une audience pour lui en expliciter les dessous et s'en défendre. De guerre lasse et désespoir de cause, certaines ont saisi la justice administrative contre Rafik Abdessalem. En termes de misogynie, le Ministre des Affaires Etrangères n'est pas à son premier coup. Pour preuve : La liste d'ambassadeurs (22 postes), nommés en Septembre 2012, ne comporte aucune femme, comme si la compétence diplomatique est, pour lui, est une chasse gardée ou un domaine réservé de la gent masculine. A ce sujet, la responsabilité du président de la république est largement engagée dans la mesure où ce type de désignation relève de ses propres et hautes prérogatives. A ce titre, on se demande comment et pourquoi Moncef Marzouki, supposé militant des droits de l'homme et pourfendeur de toute forme de discrimination, a accepté de parapher une liste où la femme tunisienne brille par son absence. La responsabilité lui incombe en premier lieu, il aurait pu rectifier le tir et modifier la liste proposée par Rafik Abdessalem. Il n'en fut rien ! Ce n'est guère un procès d'intentions, mais dans cette affaire, comme dans d'autres aussi sombres, la motivation misogyne de Rafik Abdessalem saute aux yeux, à moins qu'on soit aveugle ou complice. Quand il s'agit de femmes, il est toujours prompt, son légendaire sourire narquois sur les lèvres, à sortir l'artillerie lourde. Et vlan sur le tas ! Pour tout dire, le principal acteur de la Sheraton-gate est le dernier à parler de l'image de la Tunisie. Peut-être que ceci est entrepris pour bien diluer cela. Le raccourci n'est pas trop impertinent !