Le juge d'instruction s'est déplacé, il y a deux jours, au palais présidentiel, pour auditionner le président provisoire de la république, Moncef Marzouki, en rapport avec le meurtre du leader du Parti des patriotes démocrates unifié, Chokri Bélaïd. Cette audition s'est faite conformément aux dispositions du code de procédure pénale, qui stipule que le président de la république de même que certains hauts responsables et les représentants des missions diplomatiques, peuvent être auditionnés dans leur lieu de résidence. En quoi, le juge d'instruction a-t-il vu que Moncef Marzouki pouvait l'aider dans l'instruction de cette affaire d'assassinat ? Les éléments en présence sont multiples : Il y a d'abord, les déclarations de Mohamed Jemour, qui a annoncé que la présidence de la République avait signifié à Chokri Belaïd qu'il était menacé, bien avant le meurtre. Par ailleurs, et avec le recul, on sait, désormais, que les assassins présumés sont issus de la banlieue d'El Kram, et qu'ils seraient de connivence avec la ligue de protection de la révolution de la même localité. Or, il se trouve, que Moncef Marzouki avait reçu, quelques jours avant le meurtre, une délégation représentant cette ligue. Moncef Marzouki aurait-il soupçonné quelque chose, d'après les conversations qu'il a eues avec ces individus ? Dans lequel cas, pourquoi se serait-il contenté de prévenir, apparemment sans trop de conviction, Chokri Bélaïd, puisque celui-ci aurait refusé la protection qui lui avait été proposée ? Dans tous les cas, et indépendamment des révélations qu'aurait pu faire Marzouki lors de cette audition, et du « plus » qu'il a apporté pour éclairer la justice, cette audition pourrait, au moins, s'inscrire dans le cadre d'une avant-campagne électorale, que Marzouki n'aurait raté pour rien au monde.