Le président de Nidaa Tounès, Béji Caied Essebsi a sommé, au cours de son intervention sur Nessma Tv jeudi, le chef du gouvernement Ali Lâaryedh de tenir son engagement sur le principe d'une démission claire et formelle de son gouvernement dans un délai de trois semaines conformément aux conventions de la feuille de route. Faute de quoi c'est tout le dialogue national qui se trouvera vidé et de son sens et de sa substance voire même de son essence. « La solution à la crise est suspendue aux lèvres de Monsieur Lâaryedh. Une démission claire, formelle et sans conditions de son gouvernement » a martelé Béji Caied Essebsi et d'ajouter que le Front National du Salut a suspendu sa participation au dialogue national jusqu'à nouvel ordre. « Le dialogue ne pourra reprendre que le cas échéant d'une démission du gouvernement ». Sur un ton grave et un tantinet austère, Béji Caied Essebsi ne s'est tout de même pas départi de sa satire habituelle mais a laissé une marge de manœuvre restreinte au chef du gouvernement disant envisager d'autres recours si le dialogue ne devait pas aboutir. Il s'est abstenu toutefois de préciser lesquels. « Nous sommes dans une impasse et le peuple tunisien ne supportera plus longtemps cette incertitude, une solution doit être trouvée et sera trouvé avant la fin de l'année et probablement plus tôt » a avancé Béji Caied Essebsi avec une confiance implacable. « Hors la légitimité ». « Ce gouvernement ne peut plus rester car il a outrepassé sa légitimité. Il est hors la légitimité » a asséné le président de Nidaa Tounès en le considérant « comme un cabinet de gestion d'affaires ». Béji Caied Essebsi a invoqué l'inaptitude de ce gouvernement à assurer la sécurité du pays, son discrédit à l'étranger et à l'égard de ses créanciers qui refusent désormais de lui verser les tranches restantes des prêts demandées. « Seule la légitimité consensuelle peut être requise par ce gouvernement et à contrario ils n'ont plus aucune légitimité » a soutenu BCE. « Ils n'auront pas la charge facile » Revenant sur le drame de Sidi Ali Bou Oun et la prolifération du terrorisme, le président de Nidaa Tounès a d'abord rendu hommage à la garde nationale « colonne vertébrale de l'état moderne » et a prôné la mise en place de tous les moyens leur permettant d'accomplir dignement et correctement leur mission. Il a, par ailleurs imputé la responsabilité politique et morale de la prolifération de ce phénomène à « l'incurie où à l'ignorance de ce gouvernement des exigences de ce combat ». « Les successeurs de ce gouvernement n'auront pas la charge facile pour éradiquer ce phénomène et devront également composer avec les principales organisations nationales » laissant entendre à ceux qui s'agrippent à leurs sièges que le pouvoir n'est pas une convoitise mais plutôt la boîte à Pandore. « Président de tous les tunisiens » Enfin et revenant sur la mission du président de la république à qui il fait particulièrement assumer la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire, Béji Caied Essebsi a exprimé sa déception de cet ancien militant qui n'a pas su « être le président de tous les tunisiens » en précisant que Marzouki n'a que les prérogatives honorifiques. Cependant, il n'a pas ménagé l'ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali, qui a semble-t-il subi l'influence des faucons.