Ceux qui ont suivi, hier mercredi 4 décembre, la conférence de presse de Houcine Abassi, dans laquelle il a annoncé l'échec du dialogue national, avaient le sentiment que le secrétaire général de l'UGTT, aurait aimé s'en tenir à cette déclaration. Or, ce qu'il a ajouté par la suite, en terme de « sursis » de dix jours accordé aux belligérants, comme dernière chance, pour trouver un consensus et éviter au pays de déraper dans le virage de l'inconnu, a laissé chez les spectateurs, un sentiment mitigé fait de soulagement et de désillusion. Soulagement, car à voir la mine avec laquelle Abassi avait fait l'annonce de l'échec du dialogue et la fin du rôle du quartette, on avait la curieuse impression d'être devant une porte qui allait s'ouvrir sur un abîme d'atrocités et de chaos et d'anarchie totale. On s'est surpris à penser à ce qui allait advenir de nous et de notre pays, qui allait être livré à on ne sait quelle abomination. Mais aussi, désillusion, car toute personne sensée ne peut pas croire un instant que ces dix jours allaient changer quoi que ce soit dans la donne, qui était restée figée depuis plusieurs mois. Et comme dit un dicton bien de chez nous : « Celui qui ne s'est pas rassasié en mangeant toute la gamelle ne peut pas l'être en en léchant les restes » ! Et, comme pour confirmer cette note de désespoir, aussitôt cette annonce faite, les différents protagonistes se sont remis à se tirer des coups aux flancs et à s'entredéchirer en public, à qui accuserait l'autre de tous les torts, dans une confirmation définitive que rien ne va avancer durant dix jours, ni durant une éternité, d'ailleurs. Alors, pourquoi ces dix jours, et que va changer ce délai ? En apparence rien du tout, sauf, peut-être que la fin de cette trêve fixée au quatorze décembre, correspond au début des vacances universitaires d'hiver, donc de la dispersion des étudiants qui vont rentrer chacun dans son patelin, eux qui auraient pu donner un départ tonitruant à des protestations et même des violences qui auraient peut-être pu mobiliser par effet de contagion la rue et entrainer des mouvements sociaux qui auraient « agacé » les gens au pouvoir. Ou alors, le fait de différer la déclaration solennelle de l'échec du dialogue au 14 décembre ne laisserait que deux à trois jours de préparatifs pour des manifestations de protestations qui auraient pu s'organiser à l'occasion du 17 décembre, date anniversaire du début du soulèvement de 2010. Or, sachant que les dirigeants actuels du pays sont très frileux quand il est question de dates et d'anniversaires, comme ce fut le cas pour le 23 octobre dernier, entre autres, il semblerait que le quartette leur ait rendu un service inestimable en hypothéquant de la sorte toute tentative d'organisation de manifestations pouvant évoluer vers un deuxième « 17 décembre » avec ce qui s'en suivrait comme deuxième « 14 janvier ». Et à force de se répéter la date du 14 décembre, on finit, obligatoirement par se rappeler les aveux d'un certain terroriste malien qui a, dernièrement, été appréhendé par les forces algériennes, alors qu'il tentait de s'infiltrer en territoire tunisien, et qui a avoué qu'il comptait rejoindre un groupe de kamikazes qui projetaient de perpétrer des attentats suicides simultanés à la date du 14 décembre... Bizarre ! Donc, au final, à quelque chose malheur est bon, voilà à quoi le délai des dix jours pourrait, éventuellement servir.