Le déferlement de la vague de contestation au sein de Nidaa Tounès semblait, hier sur le point de tout emporter. Si l'ambition électoraliste et la main de fer de l'ancien président du parti ont réussi à cantonner l'essentiel des divergences au sein du parti, rien n'est en mesure d'arrêter l'hémorragie au sein du parti majoritaire qui court un vrai risque de dégringolade. De plus en plus d'élus contestent publiquement les orientations du parti. En ce sens, le vote de confiance a étalé au grand jour les dissensions sur la participation d'Ennahdha au gouvernement et s'est apparenté à un véritable camouflet pour les tenants de l'autorité au sein du parti. Quatre élus se sont abstenus alors qu'un cinquième s'est tout simplement affranchi de la consigne du vote passé par le comité constitutif du parti. Sans dévier la trajectoire du vote de confiance, cette rébellion aura illustré les difficultés à imposer un leadership depuis le départ de Béji Caïd Essebsi. C'est l'intégration du parti islamiste au nouveau gouvernement qui a fait éclater la bulle et mis en avant l'équilibrisme qu'incarne la coexistence de plusieurs courants opposés au sein d'un même parti. L'autorité du président de la République tenait les uns et les autres à une seule et même ligne de conduite, celle édictée par le chef du parti. Néanmoins, le départ de Béji Caïd Essebsi à Carthage semble avoir précipité le précipice. Trois structures du parti se disputent aujourd'hui le leadership. Le comité constitutif qui tient, principalement, lieu de haute autorité est confronté de plein fouet au bureau exécutif, structure militante du parti, et au bloc parlementaire, qui bénéficie de l'assise de ses suffrages populaires et de sa légitimité électorale. Entre les appétits dévorants des uns et les contraintes politiques des autres, la synthèse, qui incombe souvent au chef de parti, est difficile à faire. A défaut d'une synthèse, c'est la collision d'intérêts et le risque d'une implosion en bonne et due forme pour un jeune parti qui doit concilier son statut de première force politique et les revendications d'une pratique plus démocratique en son sein. C'est dans ce cadre que s'inscrivait la rencontre d'hier qui a réuni des membres du comité constitutif et d'autres cadres du parti qui ont observé, hier, un rassemblement de protestation devant le siège du parti. Selon le journal « Al Maghreb», trois questions ont été soulevées lors de cette réunion à savoir la création d'un bureau politique, la participation d'Ennahdha et la faible représentation de Nidaa Tounès au gouvernement. Faisant presque l'unanimité, la création d'un bureau politique aurait tourné à la guerre d'ego et à la querelle de personne suite à une tentative d'immixtion du comité constitutif. Les différentes parties s'écharpent autour de la proposition de Boujemâa Rmili d'imposer des figures ne bénéficiant pas d'un réel poids politique, confient les mêmes sources. Aussi, les manœuvres d'appropriation du pouvoir mises à nu lors de la formation du gouvernement constituent-elles l'autre pomme de discorde au sein du parti, conclue « Al Maghreb ».