Par M'hamed JAIBI Alors qu'il est coutume de voir les partis hissés au pouvoir consolider leur présence et leur rayonnement, une véritable cacophonie semble caractériser Nida Tounès depuis quelques semaines. Fruit d'un «Appel de la Tunisie» lancé par Béji Caïd Essebsi, dès le 26 janvier 2012, pour rassembler autour de lui tous ceux et toutes celles que l'hégémonie d'Ennahdha sur l'échiquier politique d'alors inquiétait, le mouvement Nida Tounès a vite gonflé et s'est vite imposé comme un contrepoids sérieux face à la montée de la mainmise islamiste en Tunisie. Cependant, le parti de Caïd Essebsi a plus rassemblé sous la houlette de son chef qu'il n'a vraiment structuré. Et même les structures régionales rudimentaires dont il s'est doté, autour de «coordinateurs régionaux» désignés, vont souvent obéir aux desiderata et aux diktats de la puissante «commission des structures». Ce alors qu'entre comité constitutif, bureau exécutif et direction élargie à des structures régionales aux contours mouvants, c'était surtout la voix sage et expérimentée de Si El Béji qui était écoutée. Ce à quoi nous assistons aujourd'hui comme dilution de la décision politique au sein de ce parti est certes dû à la démission de Caïd Essebsi de la présidence de Nida et la nomination de trois des ténors à Carthage, mais c'est surtout une conséquence du fait qu'il n'y a plus de véritable décideur à la direction du parti, avec tous les pouvoirs voulus. Et ce n'est pas la recommandation de Béji Caïd Essebsi d'adjoindre Ennaceur, le chef du groupe parlementaire, et Hafedh Caïd Essebsi à la composition originelle du comité constitutif, qui va parer à cette faiblesse. Les structures étant décousues, peu opérationnelles et sans réelle autorité, les députés ont mis en avant leur légitimité électorale pour mettre en cause pratiquement toutes les décisions et positions du parti. De sorte qu'ils sont en passe de se revendiquer comme les véritables décideurs au nom du parti. Sachant que, s'agissant du vote de confiance au gouvernement, ils sont effectivement seuls maîtres à bord, sans aucune possibilité de recours pour le parti. Ce topo n'est pas une simple «analyse» journalistique mais une réalité probante que tous les cadres et militants du mouvement connaissent et vivent avec amertume, eux qui ne savent toujours pas à quoi va ressembler «leur» gouvernement. Avec Ennahdha? Sans Ennahdha? Avec des députés ou sans? Avec le Front populaire ou avec Afek Tounès? Avec des politiques nidaïstes aux commandes ou avec des «techno» chapeautés par Essid? Voilà pourquoi des membres du bureau exécutif ont appelé à sa réunion et en attendent des décisions concrètes, dont de véritables structures qui discutent et décident. Attendons voir.