Le site WikiLeaks a publié, ce vendredi, près de 61.000 communications confidentielles de la diplomatie saoudienne. Une opération dénommée « Saudi cables » et qui selon Julian Assange, le fondateur du site, a pour but d'en révéler 500.000 au total. De quoi étaler au grand jour les manigances extérieures des Saouds, et la terreur qu'ils font régner chez eux. Atlantico : Que nous révèle aujourd'hui ces documents sur les liens qu'entretient le royaume wahhabite avec ses alliés comme les Etats-Unis ? Haoues Seniguer : Les documents divulgués par le site WikiLeaks exposent au grand jour la grande duplicité du royaume saoudien et, par ricochets, met à mal un certain nombre d'Etats occidentaux, en particulier les Etats-Unis, qui ont fait de Riyad, depuis des décennies, un partenaire privilégié de leur politique étrangère dans la région du Moyen-Orient. En effet, comment, d'un côté, dénoncer les violations flagrantes et continues des droits de l'homme des acteurs étatiques et non étatiques de la région, et, de l'autre, prendre langue avec un pays, l'Arabie saoudite en l'espèce, qui elle-même viole les droits de l'Homme les plus élémentaires ? L'alliance Arabie saoudite-Etats-Unis apparaît ainsi de plus en plus comme contre-nature et très largement dictée, pour les seconds, à la fois par des considérations économiques et de pragmatisme politique. La France est également éclaboussée, il est vrai tout aussi indirectement. En effet, il est difficile de justifier auprès de l'opinion publique française la vente de rafales à un pays dont le moins qu'on puisse dire est qu'il ne brille pas par son attachement scrupuleux aux droits de l'Homme qui s'opposent au contraire à son idéologie. Selon Julian Assange, « Saudi Cables a mis en lumière une dictature qui devient de plus en plus imprévisible, (qui) est aussi devenue une menace pour ses voisins ainsi que pour elle-même ».