Angela Merkel cherche à faire chuter les chiffres de l'exode en mer Egée dans les semaines qui viennent et le dernier projet étudié avec Ankara est à la mesure de son impatience: il s'agit de refouler sans délai, de Grèce vers la Turquie, ceux qui ont réussi la traversée, sans même exclure les réfugiés de guerre syriens. Le dispositif ferait tomber un tabou de plus du côté européen, sonnant le glas d'un élan de générosité très marqué outre-Rhin. Signal de l'urgence, le scénario sera discuté dès jeudi à Bruxelles, lors d'un mini-sommet qui réunira la chancelière allemande, le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, ainsi que le président Hollande et les chefs de gouvernement autrichiens et néerlandais. Ces dirigeants européens sont pressés d'afficher un vrai succès face aux migrants et de sauver Schengen, quand l'Europe centrale menace d'organiser un «blocus» des réfugiés en Grèce. Angela Merkel, personnellement, fait face à une seconde échéance: des élections régionales cruciales 13 mars, en Rhénanie-Palatinat, Saxe-Anhalt et dans le Bade-Wurtemberg. Pour la première fois, les Allemands pourraient faire payer à son parti les pots cassés de la crise.