Le président américain, Donald Trump, a nommé ce jeudi, le néoconservateur John Bolton, analyste de Fox News, au poste très influent de conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche. Après l'éphémère Michael Flynn, contraint à la démission moins de quatre semaines après l'investiture de Trump, et H.R. McMaster, c' est le troisième conseiller à la sécurité nationale désigné par le président américain en l'espace de 14 mois. Sa nomination intervient au moment d'aborder des négociations historiques avec la Corée du Nord et à l'approche d'une échéance cruciale sur l'avenir de l'accord sur le nucléaire iranien dont cet ancien ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU est un grand pourfendeur. Bolton est connu pour son goût de la provocation et son style parfois abrasif. À 69 ans, il fut l'un des chefs de file des «faucons» – appellation donnée aux néoconservateurs américains – au sein de l'administration de George W. Bush. Il fut son ambassadeur aux Nations unies de 2005 à 2006. À cette occasion, le sénateur et futur vice-président démocrate, Joe Biden, estima que cette nomination revenait à faire entrer un «taureau dans un magasin de porcelaine». Fervent partisan du recours à la force sur la scène internationale, il n'est pas en accord avec le président Trump sur tous les dossiers: il a été et continue d'être un infatigable défenseur de la guerre en Irak, que Donald Trump n'a eu de cesse de critiquer en campagne. Alors que la Maison-Blanche et le département d'Etat préparent un sommet historique et inédit entre Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, qui pourrait se tenir d'ici à la fin du mois de mai, la nomination de John Bolton acquière une connotation inquiétante. En effet, John Bolton a toujours prôné une ligne dure sur la nécessité d'empêcher la Corée du Nord de se doter de la bombe atomique. «Bolton milite de longue date pour une action militaire préventive contre la Corée du Nord, et sa désignation au poste de conseiller à la sécurité nationale est un signal fort signifiant que le président Trump reste ouvert à cette option». Il faut aussi s'attendre à une approche plus conflictuelle de la Chine. Une guerre commerciale pourrait n'être que le début d'une compétition géopolitique plus large. Ce remaniement intervient aussi alors que le président américain a donné jusqu'au 12 mai à l'Allemagne, à la France et à la Grande-Bretagne, les trois puissances européennes signataires de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, pour réviser ce texte. Bolton trouve, en effet que «L'accord nucléaire iranien a été une erreur stratégique en 2015. Cet accord doit être abrogé et l'Amérique doit façonner une nouvelle réalité qui reflète les actes du régime iranien». Cet ancien responsable du contrôle des armes au département d'Etat a également estimé que les Etats-Unis devraient se préparer à apporter leur soutien à l'opposition iranienne si cette dernière faisait appel à une aide extérieure. «Bolton soutient [aussi] de longue date l'idée d'un changement de régime en Corée du Nord et des liens plus étroits avec Taïwan. Attachez vos ceintures de sécurité», conseille Bonnie Glaser, spécialiste de l'Asie au Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) de Washington.