Le décret controversé imposant la présence d'un crucifix de manière visible dans les bâtiments publics de Bavière est entré en vigueur, vendredi 1er juin. Le ministre-président de la Bavière, Markus Söder, membre du parti conservateur bavarois (CSU), a justifié sa décision en avril en affirmant qu'installer des crucifix, ce n'est pas promouvoir « un signe religieux », c'est « reconnaître une identité » et « l'expression d'une empreinte historique et culturelle ». Selon ses mots, « la croix est le symbole fondateur de notre identité culturelle chrétienne et occidentale ». Ainsi, depuis le 1er juin, tous les ministères régionaux, palais de justice, commissariats de police, services d'urbanisme et institutions publiques placées sous l'autorité de l'Etat régional doivent désormais disposer dans leur hall d'entrée, à une place « bien visible », d'un crucifix. Rappelons que le Land de Bavière avait déjà imposé des crucifix dans les salles de classes des écoles primaires et dans les salles d'audience des tribunaux en 1995. Bien que l'Etat régional allemand de Bavière soit considéré comme très conservateur, l'annonce du décret n'a pas manqué de susciter de vives réactions. Tandis que d'aucuns jugent la décision contraire au principe de « neutralité religieuse », d'autres accusent le parti conservateur bavarois de manœuvre politique avant les élections régionales qui se tiendront le 14 octobre. De leur côté, les partis d'oppositions les Verts et la gauche radicale « die Linke » dénoncent une mesure « populiste et contraire à la Constitution ». Paradoxalement, la décision est même contestée par l'Eglise catholique allemande. En effet, dans un entretien accordé au journal Süddeutsche Zeitung le 29 avril 2018, l'archevêque de Munich a déclaré que la croix était « un signe d'opposition à la violence, à l'injustice, au péché et à la mort, mais pas un signe [d'exclusion] des autres ». Il a aussi ajouté que cette mesure risquait de susciter « de l'animosité, des divisions et des troubles ». En outre, la Fédération de la jeunesse catholique allemande bavaroise (BDKJ) et de la Jeunesse évangélique de Bavière (EJB) regrettent que « le symbole primordial du christianisme soit instrumentalisé et abusé en tant que symbole d'exclusion ». Il semblerait que Markus Söder ait pris la locution latine In hoc signo vinces (Par ce signe, tu vaincras) un peu trop au pied de la lettre.