Est -il toujours possible d'extrader l'ex-président déchu, sa femme Leila et ses gendres Sakher El Materi, Belhassen Trabelsi et Slim Chiboub après que le Secrétariat Général d'Interpol ait émis des mandats d'arrêt contre eux? Cette question fait l'objet d'un vif débat surtout que Ben Ali et sa femme résident actuellement dans le confort d'un palais à Jeddah dans le cadre de l'hospitalité royale saoudienne. Son gendre Slim Chiboub aux Emirats Arabes Unis bénéficie de toute liberté pour voyager. Sakher El Materi et sa femme Nessrine Ben Ali à Qatar jouissent d'une résidence permanente et Belhassen Trabelsi au Canada profite de l'argent qu'il a volé au peuple tunisien. Selon M. Mustapha Sakhri, spécialiste en droit, les pays qui ont ouvert leurs portes à ces personnes sont appelés à respecter les conventions internationales à savoir la convention de l'extradition des criminels, signée par la Ligue des Etats Arabes depuis novembre 1973. Selon l' article premier de cette convention, chaque pays adhérent doit extrader les criminels en fuite issus des autres pays. Parmi les conditions de l'extradition, la personne doit être poursuivie, accusée ou condamnée dans son pays d'origine pour l'un des crimes indiqués dans l'article 3 de la convention. De ce fait, il est urgent d'émettre des jugement dans des cours pénales ou civiles contre ces personnes en fuite, même par contumace. L'ensemble des chefs d'accusations est vaste pour ces gens là: Blanchissement d'argent, vol du trésor public, les fraudes fiscales. Notons que Ben Ali est déjà accusé de possession et de consommation de drogue, ainsi que de plusieurs autres crimes”. M. Mustapha Sakhri a fait remarquer que pour le cas de Ben Ali, l'Arabie Saoudite doit l'extrader selon “la Convention Arabe de Ryadh pour la coopération judiciaire qui est entrée en vigueur à partir du 30 octobre 1985. La Tunisie a ratifié cette convention le 29 octobre 1985 et l'Arabie Saoudite le 11 mai 2000. L'article 40 de cette convention concerne les personnes qui doivent être extradées. A ce niveau, M. Sakhri ajoute : “Je doute fort que l'Arabie Saoudite extrade Ben Ali, surtout qu'il peut acquérir prochainement la nationalité Saoudienne, ce qui le rend intouchable comme citoyen Saoudien. N'oublions pas que la Tunisie n'a pas le poids économique ni politique qui oblige l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Qatar ou le Canada à extrader les personnes en fuite dans le cadre d'une affaire comme le font de nombreux autres pays. L'Interpol n'interfère pas dans les crimes d'opinions En ce qui concerne l'efficacité des mandats d'arrêt et le rôle de l'Interpol dans l'application de ces mandats, M. Sakhri a affirmé : “Cela entre dans le cadre des conventions internationales, mais la coopération avec l'Arabie Saoudite dans ce contexte n'est pas possible, malgré qu'elle est un pays membre de l'Interpol, mais tout est entre les mains du palais royal. Il est important de signaler que l'Interpol ne diffuse pas les mandats d'arrêt en cas de crime politique qu'elle considère comme des crimes d'opinions. Il est donc primordial d'émettre des jugements de blanchissement d'argent, par exemple, pour faciliter à Interpol la diffusion de mandats d'arrêt à tous les pays membres.