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Tunisie : Variations sur un tweet, par Abdelaziz GATRI.
Publié dans Tunisie Numérique le 01 - 07 - 2019


Par Abdelaziz GATRI
Après des débuts plutôt frais et pluvieux qui nous ont permis d'affronter la soif des derniers jours de ramadan, juin nous a offert une fin chaude, presque caniculaire, avec un pic de plus de 500 incendies qui ont ravagé des centaines d'hectares de céréales et dont la grande majorité s'est révélée d'origine criminelle.
Partagés entre l'apathie que leur fait subir la canicule et l'effervescence causée par les derniers amendements à la loi électorale adoptés par la majorité actuelle pour barrer la route à ses concurrents, les tunisiens étaient loin d'imaginer un instant la cascade d'événements que leur cachait ce jeudi 27.
Déjà, à trois heures du matin, un groupe de terroristes avait attaqué une station de télédiffusion au mont Arbata dans les environs de Gafsa. Sans doute surpris par la vigilance des unités militaires sur place, ils se sont contentés de tirer quelques coups de feu de loin sur la station avant de prendre la fuite. Mais jusqu'en fin de matinée, peu de gens étaient au courant de cette attaque et même les réseaux sociaux ne s'en étaient pas encore emparé. Les nouvelles disaient que "les unités sécuritaire et militaire effectuent des opérations de ratissage à la recherche des terroristes" et on n'en saura pas plus.
Dans la matinée, à quelques minutes d'intervalle et à quelques dizaines de mètres de distance, deux attentats secouent le centre de Tunis, visant deux symboles de l'autorité de l'Etat. En plein cœur de Tunis, à l'intersection de l'avenue de France et de la rue Charles De Gaulle et à quelques mètres de l'ambassade de France, un kamikaze se fait exploser près d'un fourgon de police. Bilan, un agent mort, un autre policier et trois civils blessés. Un autre kamikaze se fait exploser dans le parking du siège même de la brigade anti-terroriste, la célèbre BAT, faisant quatre blessés parmi ses membres.
Néanmoins, les tunisiens n'étaient pas au bout de leurs peines, car au même moment pratiquement, le plus haut symbole de l'Etat, le président Béji Kaïd Essebsi lui-même, est admis à l'hôpital militaire de Tunis suite à un grave malaise selon le palais, ou à une grave infection (alimentaire?) selon d'autres sources. Quatre jours plus tôt, il avait déjà quitté ce même hôpital après y avoir été soigné pour le même mal. On parle d'une rechute. Certains ont déjà conclu à l'empoisonnement. Mais quand le communiqué de la présidence de la république évoque un malaise aigu, c'est l'un des conseillers d'Essebsi lui-même qui sème la zizanie en postant que l'état de santé du président est critique, appelant ses concitoyens à prier pour lui.
Si certains étaient en droit de penser qu'il était plutôt mourant, d'autres, probablement assez intéressés, prenant certainement leurs désirs pour des réalités, ont conclu à sa mort. Ce fut le cas, entre autres, de Intissar, la propre fille de Ghannouchi, chef du pari islamiste et partenaire d'Essebsi dans l'entente politique, dite tawafok. Au moment même où le conseiller présidentiel appelait à prier pour le président, Intissar Ghannouchi s'est fendue d'un tweet rédigé dans la langue de Shakespeare, dans lequel elle annonce pour acquise la mort d'Essebsi. Après consultation de quelques amis anglicistes, je peux oser cette traduction: "il a été confirmé que Beji Caid Essebsi est décédé. Le président du parlement Mohamed Ennaceur va se charger des élections en instance. La question clé est de savoir s'il va promulguer les amendements apportés à la loi électorale la semaine écoulée".
La lecture de ce tweet a soulevé en moi des questionnements lancinants à propos de trois volets: la présupposée neutralité des mots, les omissions protocolaires et les premiers soucis de l'auteure.
D'abord il y a ce "it's been confirmed that Beji Caid Essebsi has passed away", et l'usage à "bon escient" et assez courant dans la langue anglaise de la forme passive et du pronom indéterminé "it", ce qui permet de se soustraire à toute obligation de précaution sur la véracité de l'info et de balayer d'un revers de la main l'attente du lecteur de connaître la source. Mais pourquoi s'embarrasser de telles précautions? Quand on est la fille du puissant chef du parti islamiste qui a mis main basse sur les rouages de l'Etat, et qui doit donc être très bien informé, il ne viendrait à l'idée de personne de mettre en doute ses révélations.
Ensuite, il y a ce "passed away", soit décédé, locution d'une neutralité supposée, mais d'une froideur pétrifiante, surtout si elle est associée à l'omission de toute formule de courtoisie comme d'sage en pareilles circonstances, comme d'invoquer la miséricorde divine pour l'âme du défunt, ou d'esquisser une phrase de condoléances pour sa famille, surtout de la part de quelqu'un qui appartient à une mouvance rompue à l'exercice du paraître et de la bigoterie. Mais rien n'en fut.
La suite du tweet est glaçante. Madame affirme que désormais Mohamed Ennaceur se chargera du déroulement des élections en suspens, sans doute en qualité de président par intérim, le titulaire étant mort et déjà enterré pour elle, et il ne reste qu'à savoir s'il va procéder à la promulgation des amendements à la loi électorale que le parti de son cher père a fait adopter à l'ARP pour barrer la route à certains concurrents. C'est à peine si elle se retient pour ne pas afficher sa jubilation.
Au même moment, Abdelfattah Mourou, vice-président de l'ARP pour le parti islamiste appelle les groupes parlementaires à une réunion d'urgence sous l'hémicycle, en l'absence de Mohamed Ennaceur, lui-même dans un état de santé précaire, mais qu'on ne prend même pas la peine d'informer, fut-il pour la forme. Il est vrai que la double vacance à la tête de l'Etat et du parlement peut donner des idées. Seulement voilà, alerté en dernière minute, Ennaceur, l'un des rares à ne pas avoir déserté Nida, le parti du président, se pointe au parlement et réduit à néant les basses manœuvres de Nahdha et de ses acolytes de Tahya Tounes, parti du chef du gouverment. Il est vrai que l'article 84 de la constitution attribue la présidence tantôt au chef du gouvernement, tantôt au président de l'ARP, selon que l'incapacité du chef de l'Etat est provisoire ou définitive, et selon qu'il peut ou non donner une délégation de pouvoirs. Un vrai casse-tête de droit constitutionnel dû au génie de nos constituants inféodés à Nahdha.
Plus tard, beaucoup plus tard, après que le mal fut fait, Ghannouchi himself a publié un post sur son mur facebook dans lequel il dénonce les propagateurs de rumeurs qui perturbent l'ordre public, appelant les tunisiens à faire preuve de solidarité, remontrances qu'il aurait dû adresser en toute logique à sa propre fille au lieu du reste des tunisiens qui, eux, ont plutôt fait preuve d'unité et de maturité dans cette épreuve.
Les attaques terroristes concomitantes, l'hospitalisation d'urgence du président Essebsi pour un mal non annoncé, les annonces simultanées du conseiller du président et de la fille de Ghannouchi quant à sa mort probable ou certaine, ainsi que l'appel à une réunion d'urgence des chefs de groupes parlementaires en l'absence du président du parlement et la rétractation de Ghannouchi ont alimenté de grosses polémiques. Certains les ont même interprétés comme une tentative de la part de certains de s'emparer du poste de président de la république, commandant en chef des forces armées.
Résultat des courses, tout ce beau monde en est réduit à nier catégoriquement toute volonté de déstabilisation, la fille de Ghannouchi a effacé son tweet, son père a condamné les rumeurs que sa fille a propagés. Entre-temps, Essebsi se rétablit lentement, mais sûrement, et les prochains jours peuvent nous apporter leur lot de révélations fracassantes. Wait and see.
Abdelaziz GATRI
Expert-conseiller, opérations de commerce international, contentieux douanier.
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