La toute puissante Ennahdha, celle qui fait la pluie et le beau temps, n'est pas au meilleur de sa force, quoiqu'elle veuille faire croire le contraire. Le parti islamiste se trouve, en effet, dans une très mauvaise passe, suite à sa surenchère endiablée dans le processus de formation du gouvernement d'Elyes Fakhfekh. A force de jouer avec le feu, Ennahdha risque, en effet, de se brûler les ailes. Car en poussant à l'extrême limite son jeu de menaces, Ennahdha s'est retrouvée acculée, puisqu'elle a eu, en face d'elle, le président Kaïs Saïed qui est resté imperturbable face à son ce cirque et a montré qu'il n'hésiterait pas, le moins du monde, à dissoudre le parlement si les islamistes continuaient à s'entêter de la sorte. C'est, justement, le scénario qu'Ennahdha veut à tout prix éviter. En effet, les islamistes ne pourraient pas tenter le diable et se retrouver, durant près de neuf mois, à la totale merci de Kaïs Saïed, avec un parlement dissous et un président de la République qui gouverne en solo, avec l'actuel chef du gouvernement, Youssef Chahed. Ennahdha sait que dans ce cas de figure, Saïed va manœuvrer à sa guise en légiférant à coups d'arrêtés et qu'il aura la latitude d'ouvrir les dossiers qui font mal et mettre au grand jour les affaires compromettantes. C'est donc pour ces raisons qu'Ennahdha ne pourra pas risquer d'opposer son veto au gouvernement Fakhfekh, quitte à œuvrer à le faire chuter, ultérieurement. Or, le problème c'est, non seulement, qu'elle continue à faire son cinéma mais pire encore, elle arrive à faire croire ses balivernes à tout le monde, Fakhfekh en premier. Ennahdha arrive à négocier ferme et à obtenir ce qu'elle veut, voire même, ce qu'elle n'espérait pas, grâce à son bluff digne des plus téméraires des joueurs de poker.
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