Quand on sait ce que les autorités chinoises font à la minorité musulmane des Ouïghours, on se garde de leur livrer des réfugiés. Et pourtant c'est ce que s'apprête à faire le Maroc. La Cour de cassation marocaine a ordonné l'extradition vers la Chine d'un Ouïghour, immédiatement arrêté en juillet dernier quand il a atterri à l'aéroport de Casablanca. Il est officiellement recherché par Pékin pour "des actes terroristes"… "La justice a confirmé hier (mercredi 15 décembre) l'extradition de mon client. Nous n'avons pas encore les attendus du jugement pour savoir ce qui motive cette décision mais c'est psychologiquement très dur pour lui", a déclaré Me Miloud Kandil, rapporte France Info ce 17 décembre 2021. Yidiresi Aishan, 34 ans, est papa de trois enfants. Il avait quitté la Turquie croyant trouver refuge au Maroc. Il risque gros en Chine avec les "actes terroristes" qu'il aurait commis en 2017, au nom de son organisation classée terroriste… Yidiresi Aishan, un informaticien qui vivait en Turquie depuis 2012 avec sa famille, dément énergiquement et argue "ne pas être retourné en Chine depuis 2012", a confié son avocat. A noter que les frontières aériennes du Maroc sont théoriquement bouclées du fait de la poussé du variant Omicron, mais il y a des vols spéciaux de rapatriement qui passent… L'homme, qui a un passeport chinois, était sous le coup d'un mandat d'arrêt émis par Interpol suite à la requête de Pékin. Mais l'organisation internationale de coopération policière avait gelé cette affaire en août 2021, sans doute à cause du flou autour de ce dossier et en raison de la répression féroce de cette minorité par les autorités chinoises… Des experts des droits de l'Homme ont adopté la semaine dernière à Londres une résolution qualifiant de génocide le traitement réservé aux Ouïghours. Pékin, vous l'imaginez bien, ne décolère pas depuis. Surtout que cette affaire vient après des sanctions américaines lourdes contre des entités chinoises pour les mêmes faits… A noter que plus d'un million de Ouïghours ont séjourné ou séjournent actuellement – c'est difficile à vérifier -"dans des camps de rééducation politique" dans la province chinoise du Xinjiang, d'après des experts étrangers. Et Pékin est régulièrement dénoncé pour les horreurs infligées à cette minorité pour la forcer à rentrer dans les rangs et à enterrer sa spécificité culturelle et religieuse. Des experts des droits humains de l'ONU ont demandé au gouvernement marocain de geler l'extradition Yidiresi Aishan vers la Chine, "où il risque de graves violations des droits humains, notamment la détention arbitraire, la disparition forcée, ou la torture et d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants". Ils rappellent qu'aucune nation ne peut renvoyer un individu dans un pays où son intégrité physique et sa vie sont en danger…
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