Le Temps-Agences - La Chine a félicité les Etats-Unis pour leur modération face aux violences ethniques dans le nord-ouest chinois, mais Washington s'attire parallèlement les critiques des opposants ouïghours et des défenseurs des droits de l'Homme. Américains et Chinois ont bouclé mardi soir dans la capitale américaine deux journées d'un "Dialogue stratégique et économique" largement consacré à lutte contre le changement climatique et la récession. Au terme des discussions, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Wang Guangya a rendu hommage à l'attitude de Washington lors des affrontements qui ont fait selon Pékin près de 200 morts début juillet à Urumqi, capitale de la région autonome du Xinjiang (nord-ouest de la Chine). Ces affrontements ont opposé des Ouïghours, l'ethnie musulmane majoritaire au Xinjiang, à des Hans, ou Chinois de souche. La délégation chinoise "a exprimé son appréciation pour l'attitude modérée des Etats-Unis jusqu'à présent", a déclaré M. Wang à la presse. "Les Etats-Unis ont déclaré sans équivoque que cet incident est entièrement une affaire intérieure chinoise", a-t-il ajouté. L'administration Obama est soupçonnée de vouloir ménager la Chine sur la question des droits de l'Homme depuis que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a déclaré au tout début de son mandat que ce sujet ne devait pas entraver la coopération bilatérale sur des questions comme le climat ou la relance économique. Mardi, Mme Clinton a assuré qu'elle avait soulevé la question du Xinjiang devant ses hôtes. "Les droits de l'Homme sont partie intégrante du Dialogue stratégique et économique. Cela fait partie de notre politique, non seulement vis-à-vis de la Chine mais aussi des autres pays", a-t-elle lancé. Mais Amnesty International redoute de voir les droits de l'Homme sacrifiés sur l'autel des bonnes relations économiques que la première puissance mondiale se doit d'avoir avec son premier créancier. "Même s'ils ont discuté des droits de l'Homme, cela n'a pas eu le même poids que le dialogue économique si l'on pense aux événements récents au Xinjiang", observe T. Kumar, responsable de l'Asie pour l'organisation de défense des droits de l'Homme. Wang Guangya a indiqué que Pékin avait demandé aux Etats-Unis d'empêcher quiconque d'utiliser leur territoire pour mener "des activités séparatistes à l'encontre de la Chine". Une allusion transparente à Rebiya Kadeer, la chef de la dissidence ouïghoure qui vit en exil depuis 2005 aux Etats-Unis après avoir purgé six ans de prison en Chine. Pékin l'accuse d'avoir fomenté les émeutes du 5 juillet. En déplacement hier à Tokyo, Mme Kadeer s'est déclarée "perplexe et déçue" par la réponse des Etats-Unis aux violences au Xinjiang, qu'elle a jugée "quelque peu distante". "Je veux croire que les Etats-Unis ne resteront pas inertes. Je pense qu'ils répondront de manière appropriée", a-t-elle confié. Mme Kadeer, qui a déjà évoqué des milliers de morts lors des émeutes d'Urumqi, a ajouté hier que "près de 10.000 personnes" avaient disparu lors de ces événements. Dans une récente interview au magazine allemand Focus, Rebiya Kadeer a appelé le gouvernement américain à s'engager en faveur du peuple ouïghour, comme il le fait déjà pour le Tibet, en installant par exemple un consulat à Urumqi.