Depuis 2011, l'Etat tunisien a été entraîné dans une spirale d'endettement qu'il ne parvient plus à enrayer. La dette publique atteint désormais 90 % du PIB. Plus de 80% de la dette extérieure tunisienne, en euros, dollars américains et yens (pays du G7) avec un total de 35 milliards d'euros auprès des banques européennes et des obligations tunisiennes sont négociées sur les marchés européens de la dette et si la Tunisie fait défaut, les banques européennes seront en difficulté. Le gouvernement tunisien a besoin de financement en 2023 de l'équivalent de 16% du PIB tunisien par rapport à 2015 à 9% du PIB, Fitch Ratings et l'Europe considèrent que ces chiffres placent la Tunisie dans les catégories à haut risque de défaut de paiement de ses dettes. À ces chocs externes se sont ajoutés ceux de la création d'un nombre massif d'emplois publics, dont beaucoup n'existent que sur le papier. La masse salariale gonflée de l'Etat a détruit sa capacité à investir dans les infrastructures. Jamais l'investissement public n'a été aussi faible Les réformes économiques désespérément nécessaires ne se sont pas concrétisées. Le défi de réformer les politiques industrielles et éducatives et de faire face à une fracture régionale croissante n'a jamais été relevé. Si l'on y ajoute la croissance rapide du secteur informel, qui ne paie pas d'impôts et la croissance exponentielle de la contrebande en provenance de la Libye voisine, il est facile de comprendre pourquoi les performances économiques du pays se sont détériorées. Pour le moment, les moteurs de la croissance tunisienne tournent au ralenti. Les échanges extérieurs se contractent et le déficit commercial se creuse. La consommation est assommée par une inflation élevée et une chute du pouvoir d'achat. Le tourisme a certes rebondi, mais continue de reposer sur un modèle low cost dépassé. La Tunisie n'est pas parvenue à améliorer sa place dans la chaîne de valeur du commerce mondial. C'est l'été, dans tout le pays, les gens ressentent les effets persistants d'une crise économique prolongée, ainsi que d'une inflation élevée aggravée par les chocs internationaux et la dépendance du pays à l'égard des importations alimentaires.
Farine, semoule, sucre, café, pain... Alors que ces aliments subventionnés manquent régulièrement à l'appel, le président Kaïs Saïed met en cause des spéculateurs. Le discours de Mr le président dénonce un problème structurel aggravé par le déficit budgétaire de l'Etat, qui a réduit de manière drastique l'importation de certains produits. Les menaces substantielles qui pèsent sur de nombreux moyens de subsistance tunisiens laissent peu de place à l'erreur, tandis que les bénéfices exceptionnels promis par les avoirs confisqués des campagnes anti-corruption sont restés insaisissables. Si les dirigeants Tunisiens semblaient avoir oublié l'économie au cours des douze dernières années, l'économie ne les avait pas oubliés et était revenue les percuter de plein fouet. Pire encore, l'image de marque de la Tunisie s'est dégradée à l'égard des pays africains après que la Tunisie ait signé un partenariat global avec l'Union européenne qui se déchargent de la gestion des flux migratoires sur notre pauvre pays. Pour conclure, malgré la refonte politique complète, y compris une nouvelle constitution et l'effondrement de l'expérience démocratique tunisienne, l'impasse dans laquelle se trouve notre économie reste remarquablement inchangée.
Amine BEN GAMRA Expert Comptable Commissaire Aux Comptes Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie
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