Comme la jeunesse sénégalaise l'avait fait pour bloquer les dérives monarchiques du président Abdou Diouf, comme elle l'a fait en 2011 pour stopper net la succession dynastique cuisinée par le président Abdoulaye Wade (il voulait tripatouiller la Constitution pour faire de son fils Karim le vice-président, gagner les élections de 2012 et lui céder son fauteuil à mi-mandat), elle commence à donner de la voix pour forcer le chef de l'Etat sortant, Macky Sall, à revenir sur sa décision de reporter au 15 décembre 2024 la présidentielle qui était censée se tenir ce 25 février. Comme à son habitude le régime de Macky Sall a réprimé les manifestations d'hier vendredi 10 février dans le sang, on compte déjà deux morts... Le premier décès a été enregistré à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, au Nord du pays, suite à une mobilisation organisée par la société civile et les partis de l'opposition, comme d'ailleurs plusieurs régions du pays. La victime, un étudiant, aurait été atteint au niveau des cotes par les tirs des forces de l'ordre. En dépit de sa prise en charge rapide à l'Hôpital régional il a rendu l'âme. L'autre décès s'est produit dans la capitale, Dakar, dans les mêmes circonstances : Des manifestations contre le report de l'élection violemment réprimées par les forces de sécurité. Un jeune habitant de la banlieue aurait été touché par des tirs à balles réelles hier vendredi à Colobane, un grand marché, d'après des témoins. Mais d'après un proche de la victime c'était un marchand ambulant et n'aurait rien à voir avec le face-à-face avec la police, il était sur les lieux pour acheter de la marchandise... Après ses emplettes il aurait reçu une balle dans l'abdomen sur le chemin du retour, a confié un de ses proches à RFM. Il a été conduit à l'hôpital où il a subi trois opérations mais ça n'a pas permis de le sauver. Il est décédé vers 5 heures du matin, toujours selon son entourage... Dans sa toute première intervention après l'annonce du report de la présidentielle Macky Sall est revenu sur les raisons de ce report qui ne passe pas. Il a confié à l'agence de presse américaine Associated Press (AP) qu'il a besoin de plus de temps pour démêler les litiges autour de certains candidats recalés par le Conseil constitutionnel et pour résoudre le conflit ouvert entre le Parlement et la Justice. «Je ne cherche absolument rien sauf à laisser un pays en paix et stabilité. Je suis complètement prêt à passer le relais. J'ai toujours été programmé pour cela (...). Je ne veux pas laisser derrière moi un pays qui plongera immédiatement dans de grandes difficultés (...). Je dis maintenant que je vais travailler pour l'apaisement, pour des conditions qui permettront au pays d'être paisible... tenons tous des discussions inclusives avant de nous rendre aux élections», a dit le président sortant. Donc à l'entendre il ne bouge pas d'un iota sur le Dialogue national qu'il entend organiser, le énième et que l'opposition boycottera massivement. Le chef de l'Etat n'entend toujours pas les grondements de cette jeunesse que le deuxième président de la République du Sénégal, Abdou Diouf, avait qualifiée «de pseudo jeunesse» de «jeunesse malsaine», ce qui avait précipité sa fin dans les urnes. Macky Sall marche sur ses funestes pas...
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