Les températures ne sont pas aux plus bas en cet hiver en Tunisie. Pourtant, les tunisiens ressentent le froid de la saison et se rendent compte que le soleil d'hiver éclaire mais ne réchauffe pas. “C'est humain ce qu'ils ressentent ! ce n'est pas parce que le temps fait très froid mais plutôt parce que l'humidité associée à la vitesse du vent donne cette impression”, a expliqué Jameleddinne Bouraoui, sous-directeur d'exploitation et ingénieur en chef à l'Institut National de la Météorologie (INM). Des vents forts d'une vitesse parfois de 100km/h ont soufflé ces deux derniers jours, notamment, sur les régions côtières et intérieures du pays. Comparée à d'autres années dans l'histoire de la Tunisie, la saison hivernale 2012 s'est présentée plus clémente. “Le pays a connu en 1980 par exemple, une baisse record des températures, lesquelles ont atteint -2 à Monastir, -3 à Zaghouan, -4 à Jendouba et Siliana, et -6,5 degrés à Kasserine, a rappelé le responsable de l'INM. D'après Bouraoui, on est loin de parler d'une vague de froid avec des températures oscillant entre 14 et 18 degrés. “La situation climatique reste dans les normes et les températures enregistrées sont, jusque-là, “des températures de saison”, a-t-il lancé. Un hiver clément mais pas comme les autres Ce qui est nouveau, selon le responsable des services météorologiques est “la persistance de cette période de basse température” par rapport aux années précédentes. Les températures enregistrées au mois de décembre 2011, pendant plus deux semaines, et qui n'ont pas baissé de moins de 22 et 20 degrés, constituent également une autre particularité de l'actuelle saison d'hiver, a fait remarquer Jameleddine Bouraoui. Calculées sur une trentaine d'années, les températures d'hiver ont été toujours aux alentours de 4 à 6 degrés pour les minimales et de 14 à 18 degrés pour les maximales. Une première vague de froid a été enregistrée le 19 décembre et persisté durant 4 jours. En ce début de janvier, le temps s'est stabilisé depuis quelques jours mais les services météorologiques avaient annoncé, dans un bulletin spécial, des vents forts qui ont dépassé parfois 100km/h entre la nuit de jeudi et la journée de vendredi. La saison hivernale est marquée d'habitude par deux principales périodes de basse température, a expliqué Bouraoui. La première s'étale sur la période allant du 5 décembre au 13 janvier, appelée “Lyali El Bidh” ou “nuits blanches”, propices à la semence, selon le calendrier berbère. La deuxième est celle de “lyali Essoud” ou “nuits noires”, période pluvieuse et propice à l'agriculture allant du 14 janvier au 2 février. Le réchauffement climatique se fait sentir “Le réchauffement climatique n'est pas sans impact sur les conditions atmosphériques”, a affirmé le responsable, relevant que les effets de ce phénomène, qui s'est aggravé ces dernières années, sont perceptibles à travers, entre autres, l'instabilité du climat et l'augmentation des fréquences des pluviométries et des inondations à l'échelle internationale et nationale. “En Tunisie, les inondations survenaient auparavant tous les dix ans presque (1969- 1982-1992 et 2003), alors qu'au cours de cette dernière décennie, leurs fréquences sont devenues de deux à trois ans (2003- 2007- 2009 et 2011)”, a encore fait remarquer M. Bouraoui. Qu'elles soient justes ou approximatives, les prévisions météorologiques sont produites grâce à des outils de mesure “sophistiqués”. Pour l'Institut National de la Météorologie, le matériel utilisé pour prévoir la météo au quotidien “garantit un suivi des nuages par satellite en temps réel et l'observation, d'une manière claire, des phénomènes climatiques à partir des différents points de mesure relevant de l'INM”, a confirmé le responsable.