Le président Donald Trump a claironné hier jeudi 17 avril qu'il est certain de trouver un terrain d'entente avec la Chine dans leur guerre sur les droits de douane, un combat que le républicain a déclenché et qu'il paye cher. Il a ajouté dans la foulée que Washington négocie en ce moment même avec Pékin. Bon, on sait que les mots de Trump vont parfois plus vite que la réalité (on l'a vu avec ses déclarations péremptoires sur la guerre en Ukraine et sur les négociations avec l'Iran). Donc on temporisera et tempérera un peu, car les derniers développements ne vont pas du tout dans le sens de l'optimisme trumpien… La Chine tient son rang de superpuissance Quand on vous disait hier que l'os chinois sera beaucoup plus dur à croquer que les Européens. Je ne dis pas qu'in fine les USA et la Chine ne couperont pas la poire en 2, 3, 4…, je dis juste que Trump va ramer avec la 2e puissance économique mondiale, laquelle manifestement s'était mieux préparée à l'affrontement avec Trump après le duel de 2017-2018. Un avion Boeing livré à Pékin a été renvoyé ce vendredi 18 avril, d'après des données de suivi des vols. L'usine de livraisons de l'avionneur américain logée aux abords de Shanghai est prise dans la bataille commerciale historique entre les deux ténors de l'économie mondiale. En mars dernier, quelques semaines avant la frappe planétaire sur les droits de douane "réciproques" des USA et la riposte chinoise, Boeing avait convoyé 3 nouveaux appareils 737 MAX, de son usine de Seattle vers Zhoushan. Un autre appareil avait été réceptionné la semaine dernière dans le même site, où Boeing monte les intérieurs et peint les livrées [couleurs et motifs propres aux compagnies] avant de remettre les appareils aux clients, d'après les données de Flightradar24. Ce vendredi l'un des premiers appareils envoyés à Zhoushan a été redirigé vers l'île américaine de Guam, Seattle pourrait être la destination finale. Un peu plus tôt dans la semaine Bloomberg News avait rapporté que Boeing était frappé par une interdiction chinoise sur ses importations dans le cadre de la guerre douanière contre Trump. Mais les autorités chinoises n'ont fait aucun commentaire dans ce sens, des acteurs majeurs du secteur de l'aviation ont dit à Reuters qu'ils n'ont eu vent d'aucune directive sur les avions Boeing… Mais une importante source de l'industrie a confié que l'avionneur américain et ses fournisseurs ont convenu de faire une pause dans la livraison d'appareils à la Chine. Dans des photos postées en février dernier sur les sites web de "planespotting" on a vu que l'avion rapatrié ce vendredi arborait les signes distinctifs de Xiamen Airlines, majoritairement des avions de China Southern. Des verrouillages à plusieurs milliards de dollars Une des sources a confirmé que l'appareil aurait dû être livré à Xiamen, lequel n'a pas souhaité commenter cet incident. Le média spécialisé Air Current, qui a été le premier à ébruiter les revirements à Zhoushan, a rapporté qu'une compagnie aérienne chinoise dont il taira le nom a aussi renoncé à louer un appareil Boeing. Motus du côté des douanes chinoises. Le verrouillage intervient alors que Boeing commençait à se refaire une santé après la suspension des importations de 737 MAX, qui a duré 5 ans. Boeing a installé l'usine de finition à Zhoushan pour profiter de la logistique de l'un des ports les plus dynamiques au monde. C'était en 2018 mais déjà les choses commençaient à se gâter avec Trump. Selon Bloomberg News, Pékin a donné pour instruction aux compagnies aériennes chinoises de geler les commandes de pièces d'avions produites aux USA, même si tous les appareils commerciaux modernes dépendent fortement de ces composants. Par le passé Boeing vendait 25% de sa production en Chine, mais ce volume a fondu après les passes d'armes précédentes, la crise du 737 MAX et les contrecoups de la pandémie du Coronavirus. Les données de Boeing font état de 130 commandes non finalisées faites par des compagnies aériennes et des bailleurs chinois. Des sources du secteur ont confié qu'une grosse partie des 760 commandes non traitées par Boeing étaient dédiées à la Chine. Toutefois les experts sont d'avis qu'un gel momentané dans les livraisons vers la Chine n'impactera pas lourdement Boeing à court terme, vu que l'américain peut se rabattre sur d'autres compagnies et vu que l'européen Airbus ne peut pas répondre à toute la demande mondiale… Mais sur le long terme la Chine est un marché vital pour Boeing. Ce dernier dit que Pékin va plus que doubler sa flotte d'ici 2043 et le pays devrait passer devant les USA en matière de trafic aérien. Washington ne peut pas se permettre de rater ce filon d'or, l'industrie américaine ne le pardonnerait pas au président. Donc comme il l'a dit, le bras de fer avec Xi Jinping finira à la table des négociations.
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