LE BARDO (TAP) - Les représentants du Mouvement "Ennahdha" ont boycotté la séance de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, qui a eu lieu, mercredi en fin de matinée, au Bardo. La séance a été consacrée à l'examen du projet de décret-loi portant organisation des partis politiques. "Le boycott des travaux de la séance intervient suite aux irrégularités flagrantes constatées au niveau de l'action de l'instance qui a dévié de ses objectifs et de sa mission", ont soutenu les membres du mouvement "Ennahdha". M. Sahbi Atig, représentant du mouvement a affirmé, à l'agence TAP, que "le mouvement rectifiera sa position à l'égard de l'instance et que cette position sera soumise aux structures de base du parti pour prendre une décision finale au sujet du maintien ou de la suspension de la participation du mouvement au travaux de l'instance." Faisant allusion aux partis favorables à la discussion du projet de décret-loi relatif à l'organisation des partis politiques, M. Noureddine Bhiri a indiqué qu'une minorité de partis au sein de l'instance, dépourvus de base populaire, tentent d'imposer leurs vues sur l'ordre du jour de l'instance. Au sujet du pacte républicain, M. Bhiri a accusé certaines parties politiques, représentées au sein de l'instance, de plaider en faveur de la normalisation des relations avec l'Etat d'Israël, réaffirmant que le mouvement "Ennahdha" rejette ce principe et estime l'énonciation du refus de la normalisation comme étant une donne fondamentale qui ne peut faire l'objet de polémique ou de controverse. De son côté, M. Samir Bettaieb (Mouvement Ettajdid) a affirmé à l'agence TAP que le mouvement Ennahdha adopte une attitude anti-démocratique, indiquant que le boycott par les membres du mouvement Ennahdha de la séance du mercredi a été annoncé par le chef du mouvement, Rached Ghannouchi, il y a deux semaines, à travers les médias. Il a ajouté que la discussion au sujet du décret-loi portant organisation des partis politiques est une question essentielle qui ne manquera pas d'organiser la vie politique dans l'avenir, relevant que le mouvement Ettajdid est fermement hostile à toute forme de normalisation avec l'Etat sioniste. Les sources de financement des partis ont figuré parmi les principales questions débattues par les membres de l'instance, lors de cette séance, marquée par un climat tendu et par un débat houleux. Dans ce contexte, M. Imed Hidouri, représentant du gouvernorat de Sidi Bouzid a accusé respectivement le Parti démocrate progressiste (PDP) et le mouvement "Ennahdha" d'exploiter l'argent politique à des fins de mobilisation d'un plus grand nombre de partisans dans les régions. Les deux partis en question ont protesté contre cette accusation, ce qui a poussé M. Yadh Ben Achour, président de la haute instance, à exiger du représentant du gouvernorat de Sidi Bouzid à présenter des excuses aux deux partis. "Notre action au niveau des régions s'inscrit dans le cadre de la présentation du programme et des objectifs fondamentaux du parti", a déclaré à l'Agence TAP, M. Mongi Ellouze, représentant du PDP, ajoutant que "notre position sur l'argent politique a été exprimée à maintes reprises." Pour ce qui est du décret-loi portant organisation des partis politiques, plusieurs intervenants ont appelé à la révision de l'article 9 du décret-loi précité qui dispose que tous ceux qui désirent constituer un parti politique doivent adresser une lettre au Premier ministre, indiquant que cette attribution devrait être du ressort de la justice et non pas du pouvoir exécutif. Certains intervenants ont revendiqué l'augmentation des frais d'adhésion, fixés à 240 dinars, sans pour autant limiter la valeur des dons. Il est à rappeler que la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, tiendra jeudi 23 juin, une séance qui sera consacrée à l'examen du pacte républicain. L'instance présentera également un rapport spécial comprenant la liste des personnes ayant assumé des responsabilités au sein du parti du Rassemblement Constitutionnel Démocratique dissous ou ayant exhorté le président déchu à se porter candidat à l'élection présidentielle de 2014.