TUNIS (TAP) - Le droit de vote de tous les tunisiens détenteurs de la carte d'identité nationale et non plus des seuls inscrits sur les listes électorales, contribuera-t-il à élever le taux de participation à l'élection de la Constituante le 23 octobre prochain. La décision a été annoncée, mercredi dernier, par le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) Kamel Jendoubi, au cours d'une réunion organisée par la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, après qu'il fût établi, selon les derniers chiffres de l'ISIE, que le nombre des inscrits sur les listes électorales n'a pas dépassé le quart des électeurs potentiels pour la prochaine élection de la Constituante. Ce bilan qualifié d'"assez faible" par les milieux politiques et par l'ISIE, elle-même, a nécessité l'adoption de plusieurs mesures afin de relancer la campagne d'inscription, première étape du processus électoral. La prorogation du délai d'inscription jusqu'au 14 août, le déploiement d'équipes et de bureaux d'inscription ambulants et la mise en place de nouveaux moyens de communication, figurent parmi les solutions concrètes préconisées pour relancer la campagne d'inscription. Jusqu'au 6 août courant, à mi-parcours de la période de prorogation annoncée par l'ISIE, le nombre des inscrits a atteint 2 millions 565 mille 239 personnes sur un total de 7,5 millions d'électeurs, selon l'instance électorale. Pour le sociologue Mohamed Karrou, la désaffection d'une grande partie de citoyens vis-à-vis de l'opération électorale est due au fait que la révolution était inattendue et que la phase de transition est nouvelle pour eux. Le "flou" qui règne autour des objectifs mêmes de ces élections, ajoute-t-il, ne contribue pas à donner l'élan nécessaire au rythme des inscriptions sur les listes électorales. M. Karrou explique cet état des faits par le foisonnement des partis (plus de 103 partis) et le "pessimisme qu'affichent les acteurs politiques". Des observateurs dressent un bilan mitigé de ce premier test de la nouvelle expérience démocratique que vit la Tunisie, à l'origine d'une « inadéquation entre les attentes des initiateurs de la révolution et celles des acteurs de la transition et du manque de visibilité des programmes et projets de société des partis politiques». Bien que la grande partie de l'électorat se trouve à Tunis et dans les grandes villes côtières, les 27 instances régionales pour les élections ont déployé de nouveaux moyens pour mobiliser l'électorat dans les régions. A l'Ariana, Gabès, Sidi Bouzid, Jendouba, Bizerte, Sfax, Ben Arous et La Manouba, de nouveaux bureaux d'inscription ont été installés dans les grands espaces commerciaux, les hôpitaux, les stations de transport, les marchés hebdomadaires et les pôles industriels. De nouveaux bureaux d'inscription ambulants ont été déployés dans les zones rurales où résident 40% de la population tunisienne. Des problèmes techniques et logistiques ont surgi au début du lancement de la campagne, notamment au niveau de la connexion Internet. Certains citoyens ont déploré l'absence d'un traitement spécial pour les handicapés ou les personnes âgées. L'éparpillement de la population figure aussi parmi les principales causes du faible taux d'inscription sur les listes électorales. Kamel Salhi, membre de l'instance régionale pour les élections à Sidi Bouzid évoque l'absence de locaux de l'ISIE au niveau des délégations. Une opinion partagée par Hassine Jerbi, président de l'instance régionale de Gabès. Pour les présidents des instances régionales des élections à Sfax 2 et Sfax 1, il est impératif d'intensifier les efforts de sensibilisation politique particulièrement chez les jeunes. Le président de l'ISIE avait souligné le faible taux de participation des jeunes (17%) et des femmes (13%). Walid un jeune agent au bureau d'inscription de Ben Arous a mis l'accent sur le manque de communication. Depuis la mise en place des équipes ambulantes, le taux d'inscription s'est amélioré, a-t-il expliqué, soulignant l'importance d'un travail de proximité. Bien que critiqué par certains acteurs politiques arguant du fait qu'il aurait du être annoncée au démarrage de l'opération d'inscription pour éviter toute confusion dans l'esprit des citoyens, le droit de vote à tous les tunisiens détenteurs de la carte d'identité nationale devrait contribuer au renforcement de la participation citoyenne à la vie publique, un des objectifs de la révolution du 14 janvier.