TUNIS (TAP) - Les actes de violence, phénomène récurent dans les stades de football en Tunisie, mais qui a pris de l'ampleur depuis plusieurs mois, ont fait l'objet d'une réunion-débat organisée, vendredi, par l'Observatoire national de la jeunesse autour du thème "les jeunes, amis des stades". Le débat intervient après les évènements survenus la semaine dernière au stade olympique d'El Menzah à l'occasion des matches de l'Espérance de Tunis et du Club Africain en coupes africaines des clubs et qui ont été à l'origine de plusieurs dégâts matériels et d'un nombre important de blessés et même du décès d'un supporter. Selon M. Mohamed Jouili, directeur de l'observatoire national de la jeunesse, "c'est une nouvelle forme de violence qui a muté ces dernières années avec l'apparition de groupes ultras qui utilisent de nouvelles formes pour soutenir leur équipe et défendre leur identité, et vont jusqu'à l'extrémisme dans leurs actes". "Par conséquent, a-t-il ajouté, la violence a changé aussi de forme, et commence à donner des signes alarmants sur la tendance vers le hooliganisme". Il a également évoqué la très mauvaise relation entre ces groupes et la police, déplorant l'évolution de la situation vers l'immixtion de la politique et des partis dans les enceintes sportives. "La situation est de plus en plus grave depuis que les partis se sont infiltrés au sein du public afin de servir leurs intérêts politiques", a regretté également M. Younès Selmi qui, en tant qu'ancien arbitre et ex-président de la commission fédérale d'arbitrage, n'a pas exclu l'arbitrage des principales causes de ces dépassements au sein des stades". Les intervenants ont appelé à l'unanimité à des solutions urgentes à ce phénomène, proposant la création de campagnes au sein des villes pour rétablir la confiance entre le public sportif et l'appareil sécuritaire, la réhabilitation des stadiers, l'implication de toutes les parties sans exception dans la sensibilisation des supporters, le recours au coaching socioculturel à travers la société civile. Ils sont allés jusqu'à proposer de contenir les groupes des ultras, de dialoguer avec eux et de les encadrer par des anciens supporters ou par leurs "leaders". Leur souci est de rétablir la confiance entre toutes les parties pour "faire du stade l'ami du public". D'autres participants se sont prononcés pour le sanctionnement de ces actes par la loi pour éviter de voir le phénomène empirer et au recours à des "blacks lists", comme c'est le cas en Angleterre, pour identifier les fauteurs et lutter contre le hooliganisme. "Ceci relève de l'image de la Tunisie qui est transmise à travers les matches, et qui pourrait conditionner le flux des investisseurs étrangers dont la première appréhension est l'insécurité", a souligné, de son côté, M. Slim Chaker, ministre de la Jeunesse et des Sports, qui a ajouté que "s'il n'y a pas d'investissement, il n'y a pas d'emplois". Le ministre a déploré au début de son intervention les actes de violence survenus la semaine dernière, indiquant que "le remède pour une telle situation se trouve entre les mains des clubs, des comités des supporters, des fédérations, des médias, des arbitres, des joueurs et des supporters eux-mêmes". Le débat a réuni, outre le ministre de la Jeunesse et des Sports, la secrétaire d'Etat aux sports, le Directeur général aux sports, le président du Comité national olympique tunisien (CNOT), des sociologues, des sportifs, des médecins, des représentants de clubs et des comités des supporters, des journalistes et des supporters.