TUNIS (TAP) - Plus de 100 mille tunisiens en situation irrégulière se trouvent, actuellement, sur le sol italien sans compter les 22 mille migrants qui ont, récemment, bénéficié de permis de séjours temporaires. En France, les sans papiers tunisiens seraient entre 20 et 30 mille. Ces chiffres ont été présentés, jeudi, lors d'un colloque international sur "les migrations en Tunisie après le 14 janvier 2011". Cette rencontre est organisée à l'initiative du forum Tunisie pour les droits économiques et sociaux en collaboration avec la fondation Friedrich Elbert, l'Institut arabe des doits de l'Homme (IADH) et l'Institut Français de Tunisie. "La révolution tunisienne a eu pour corollaire l'augmentation des flux migratoires vers l'Europe", a souligné le ministre de la Culture, Mehdi Mabrouk, à l'ouverture de ce colloque. Le relâchement de la surveillance des frontières par les services tunisiens, déstabilisés par le soulèvement populaire, a encouragé les réseaux de "Harragas" (migrants clandestins) à multiplier les convois vers l'Italie, a-t-il ajouté. Il a indiqué que la situation économique difficile dans le pays a poussé des jeunes tunisiens désespérés à s'aventurer en Europe. A cela s'ajoute, a t-il dit, la déstabilisation de la Libye qui a provoqué un afflux massif de réfugiés vers la Tunisie. De ce fait, le Sud de la Tunisie est devenu un point de transit et de refuge pour des centaines de milliers de migrants. Pour Beatrice Pini de l'Université de Milan, le dossier de la migration représente une priorité absolue pour le Gouvernement italien qui est ouvert au dialogue et à la coopération avec tous ses partenaires, a-t-elle affirmé. Elle a ajouté que la protection des tunisiens en Italie, la promotion de la mobilité dans la région méditerranéenne et la lutte contre l'immigration illégale figurent parmi les priorités du Gouvernent italien. Selon les données fournies par l'Office des tunisiens à l'étranger (OTE), la communauté tunisienne établie à l'étranger est de 1.100.000 émigrés environ, soit 10 % de l'ensemble de la population tunisienne. Les pays européens accueillent 80% de l'ensemble des émigrés tunisiens dont la majorité se trouve en France (700.000 ressortissants). Les principaux pays d'accueil sont la France, l'Italie, la Libye et l'Allemagne. Le programme de ce colloque de deux jours comporte plusieurs communications présentés par des universitaires et experts tunisiens et étrangers traitant, notamment, des thèmes suivants: "Paradoxes de la clandestinité", "Les migrations clandestines tunisiennes en Italie après la révolution", "L'expulsion des migrants de Lampedousa et leur retour en Tunisie: l'échec du projet migratoire", "Le migrant clandestin, une figure récurrente du débat public sur la politique européenne d'émigration", "Les secours aux réfugiés dans le Sud tunisien"...