TUNIS (TAP) - Dans une atmosphère tendue, le Conseil national de l'Ordre des avocats de Tunisie a tenu, lundi, une conférence de presse, au palais de justice à Tunis, pour faire la lumière sur le différend qui sévit au sein du Conseil, depuis l'élection de Me Chawki Tabib, au poste de Bâtonnier du Conseil de l'Ordre des avocats de Tunisie, et sur les préoccupations et revendications des avocats. Le Bâtonnier Chawki Tabib a été contraint d'interrompre à plusieurs reprises son intervention en raison des protestations dans les rangs des avocats présents dans la salle, entre partisans et non partisans du Bâtonnier. Les journalistes qui assistaient à cette conférence de presse ont été, de leur côté, humiliés par certains avocats, au moment où l'une des journalistes s'est manifestée pour protester contre les mauvaises conditions de travail, étant donné qu'ils ont été contraints de rester debout tout au long de la conférence alors que tous les avocats étaient assis. L'un des avocats s'était même permis de dire: «Celui qui ne trouve pas de place libre, peut quitter la salle». Le Bâtonnier a déclaré dans son intervention que six membres du Conseil de l'Ordre national des avocats s'étaient réunis, au cours de la semaine écoulée, à l'invitation de l'ancien secrétaire général du Conseil Rachid Frey, et avaient décidé de convoquer une assemblée générale extraordinaire, sous prétexte que trois mille avocats et avocates ont signé une pétition revendiquant cette réunion. Il a, par ailleurs, réaffirmé la disposition des membres du conseil à donner une suite favorable à cette demande qu'ils considèrent comme étant «un droit légitime et légal», à condition que la pétition en question leur soit soumise. Me Tabib a précisé qu'un grand nombre d'avocats avaient affirmé «avoir été induits en erreur lors de la signature de ladite pétition», appelant à son affichage et sa présentation à la section de Tunis du Conseil de l'Ordre pour vérifier sa véracité. Le Bâtonnier a relevé que le secteur du Barreau a été victime «d'une attaque de la part des sociétés étrangères qui s'étaient installées avant la révolution et dont le nombre s'est multiplié après la révolution sous le signe de Conseillers fiscaux», indiquant que le chiffre des transactions de ces sociétés à atteint, durant une seule année, 7 milliards et demi de dinars. Il a, d'autre part, évoqué la question de mandater le chargé du contentieux de l'Etat, ce qui est, a-t-il souligne, un droit «réservé exclusivement aux avocats», appelant à une répartition transparente des affaires de l'Etat et des établissements publics entre les avocats, et à une réservation d'une partie de ces affaires aux jeunes avocats pour améliorer leurs conditions matérielles. M. Tabib a insisté sur la nécessité d'identifier des solutions urgentes pour remédier aux répercussions de l'incendie des tribunaux dans nombre régions, ce qui a causé, selon ses dires, «l'exclusion de plusieurs centaines d'avocats du service de justice.» Il a également appelé à associer les avocats au dialogue sur les principales questions internationales, dont notamment l'écriture de la Constitution, à travers les structures légitimes élues, ainsi qu'à mettre en application le décret-loi n°79 organisant la profession d'avocat, le décret-loi relatif au droit de l'avocat à enseigner à l'université de manière contractuelle et le décret-loi portant mandatement d'un avocat devant le ministère public. Le Bâtonnier de l'Ordre des avocats a souligné la priorité pour les avocats tunisiens d'être en charge des affaires relatives aux biens spoliés. Il a appelé, notamment à ouvrir les portes devant les avocats réputés pour leur intégrité pour devenir des magistrats et à réviser les programmes d'enseignement à l'université de droit. De son côté, le président de la section de Tunis du Conseil national de l'ordre des avocats, Me Mohamed Néjib Ben Youssef, a considéré que la crise qui secoue le Conseil a été provoquée par une interprétation différente du texte de loi, laquelle s'est transformée, a-t-il estimé, en «des calculs étroits». Il convient de signaler que la conférence de presse a été suspendue avant l'audition des interrogations des journalistes.