LE CAIRE (TAP) - De longues files d'attente se sont formées jeudi devant les stations d'essence égyptiennes en manque de carburant, sur fond de craintes de hausse des prix et de pénurie durable. La situation, selon la presse et des professionnels du secteur, touche Le Caire et de nombreux endroits dans le reste du pays, engendrant une flambée des prix sur le marché noir où certains automobilistes sont contraints de s'approvisionner. Les carburants sont fortement subventionnés en Egypte pour maintenir des prix à la pompe très faibles (0,15 dollar par litre d'essence à indice d'octane 80, la qualité la moins chère). Ce secteur est depuis des mois sous forte tension en raison de la chute des réserves en devises du pays, qui pèse sur les achats à l'étranger d'une partie des carburants, et de la hausse du déficit budgétaire, qui menace le régime des subventions. Le pays avait déjà connu mi-janvier une pénurie de plusieurs jours, aggravée par des rumeurs de hausse des prix, provoquant une ruée sur les stations-service. Des tensions plus limitées, notamment sur le diesel, sont apparues à plusieurs reprises par la suite. La ministre de la Coopération, Fayza Aboul Naga, a tenté de calmer la situation en déclarant mercredi que « le gouvernement n'a pas l'intention d'augmenter le prix de l'essence ». Le ministre du Pétrole, Abdallah Ghorab, a mis la situation actuelle sur le compte d'un « manque de confiance » de la population et assuré qu'il y avait « des quantités suffisantes de carburant sur le marché ». L'adjoint du président de l'Autorité générale du pétrole, Amro Moustafa, cité par le quotidien al-Masri al-Youm, a lui mis en cause les trafiquants « qui contrôlent 15pc à 20pc des produits pétroliers disponibles sur le marché ». La pénurie a provoqué des bagarres dans plusieurs gouvernorats entre automobilistes exaspérés par les délais d'attente aux stations-service, a rapporté la presse. L'Egypte traverse une crise économique sévère, avec notamment une forte baisse du tourisme et des investissements étrangers depuis la chute en février 2011 du président Hosni Moubarak. Le pays est en discussion avec le Fonds monétaire international (FMI) pour une aide de 3,2 milliards de dollars.