Tweet Share TUNIS (TAP) - Les représentants de l'alliance des associations civiles ont qualifié de "sauvage" l'intervention, lundi, à Tunis des forces de l'ordre pour disperser une manifestation organisée à l'occasion de la fête des martyrs, soulignant que l'agression verbale et physique dont avaient été victimes les manifestants rappelle la répression exercée sous le régime de Ben Ali. Au cours d'un point de presse tenu, lundi, au siège de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), les représentants ont affirmé que les incidents qui ont eu lieu lundi ne font pas honneur à la Tunisie post-révolutionnaire et que la répression des manifestants demeure une violation explicite de la loi n°4 de l'année 1969 ainsi que des lois internationales afférentes. Ils ont condamné la présence renforcée de personnes armées en civil, constituant de "véritables milices qui pourchassaient les manifestants", s'interrogeant sur les parties qui ont donné l'ordre à ces personnes de descendre dans la rue. "La décision du ministre de l'Intérieur d'interdire les manifestations au niveau de l'avenue Habib Bourguiba est "arbitraire", a déclaré le président de la LTDH, Abdessatar Ben Moussa, précisant qu'un recours sera déposé à ce sujet, dès lors qu'elle s'inscrit dans le cadre de la violation des conventions internationales qui garantissent le droit de manifester. En ce qui concerne l'interdiction de la LTDH d'organiser, lundi, une manifestation devant le théâtre municipal de Tunis, M. Ben Moussa a souligné que la loi actuelle prévoit l'information 48 heures avant la tenue de la manifestation et non l'obtention d'une autorisation, ce que la LTDH a fait dans une correspondance au ministre de l'Intérieur, datée du 6 avril. Dans un communiqué dont une copie est parvenue à l'agence TAP, la LTDH fait assumer au ministère de l'Intérieur l'entière responsabilité des conséquences de l'interdiction de toutes manifestations au niveau de l'avenue Habib Bourguiba. M. Ben Moussa a indiqué que les agressions et les arrestations ont touché, lundi, les membres du conseil national de la ligue, des avocats, des journalistes et des intellectuels, ajoutant "que le gouvernement a montré son vrai visage et apporté la preuve de sa défaite et de sa dictature". De son côté, la présidente du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) et du Centre de Tunis pour la justice transitionnelle, Sihem Ben Sedrin, a considéré que les évènements qui ont eu lieu, lundi, au niveau de l'avenue Habib Bourguiba, comme étant "une journée noire qui ne fait nullement honneur à la révolution et à la Tunisie de la liberté", estimant que "l'atrocité avec laquelle ont été réprimé les manifestants" n'est nullement justifiable. Elle déclaré que cette atrocité a atteint, selon ses dires, un niveau jamais égalé avec le balancement d'individus depuis le troisième étage d'un centre commercial "Le Passage" et l'utilisation de gaz lacrymogènes de manière excessive et à une distance très rapprochée des manifestants, ce qui est en soi une violation de la loi, outre la destruction des appareils photos de journalistes, ajoutant "qu'après enquête et investigation sur ces incidents, un livre noir sera publié à ce propos". Pour sa part, l'ancien président de la LTDH, Mokhtar Trifi, a souligné que le non-respect de l'application de la loi dans la gestion des manifestations, s'agissant des avertissements et de la gradation dans l'usage de la violence, était flagrant, indiquant qu'il "s'agit là d'une indication claire du retour à la période de l'avant-révolution". La présidente de la fédération internationale des droits de l'Homme Souhyr Belhassen a, quant à elle, exprimé la solidarité de la fédération avec l'ensemble des organisations de la société civile qui ont manifesté aujourd'hui, mettant en garde contre le danger de l'existence de ce qu'elle a qualifié "de milices armées", ce qui est en contradiction avec les conventions internationales, revendiquant l'ouverture d'une enquête sur la question". L'ancien président du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) Néji Bghouri a affirmé que "les milices" étaient présentes, lundi, au niveau de l'avenue Habib Bourguiba et ont pris pour cible, par les "insultes et les menaces" et de manière préméditée, des personnes bien déterminées, dans le dessein, selon son expression, de "saper la volonté des militants et de les humilier comme se fut le cas avant le 14 janvier 2011". A la clôture de cette conférence de presse, qui a été marquée par la présentation d'échantillons de bombes de gaz lacrymogènes utilisés ce lundi et l'audition de témoignages de manifestants, M. Ben Moussa a déclaré que les associations de l'alliance tiendront une réunion, mercredi prochain, pour convenir des actions à entreprendre dont, notamment l'ouverture d'une enquête judiciaire sur les incidents, rappelant qu'une équipe composée d'avocats a été constituée pour faire recours de la décision du ministère de l'intérieur d'interdire toute manifestation au niveau de l'avenue Habib Bourguiba. Tweet Share Précédent Suivant