Tweet Share TUNIS (TAP)- Les médias en Tunisie, sont-ils libres? Et si ce n'était qu'une éclaircie de plus, face au flou juridique qui caractérise un paysage aujourd'hui en stagnation? Comment esquisser la configuration actuelle et future des médias en général et les médias publics en particulier? Les médias publics contribuent-ils à construire la démocratie ou sont ils devenus des armes de la contre révolution? Tels sont les principaux thèmes discutés ce matin lors de la journée d'étude organisée par le journal ''La Presse'' à l'occasion du lancement de son deuxième numéro Hors série "Médias en Tunisie, libres jusqu'à quand?" et ce dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Loin de l'officiel, le débat a été ouvert aux journalistes de tous bords, aux représentants d'organisations nationales et internationales et aux universitaires. Dans son intervention, Rachida Enneifer, juriste et ancienne journaliste de La Presse a tenu à préciser que défendre les médias publics et la presse écrite est aujourd'hui un devoir car il s'agit aussi de défendre le lecteur qui a droit à l'information qui fut longtemps confisquée sous le régime de Bourguiba à cause de ce qu'elle a appelé les médias de "Gouv-Public" pour passer sous le régime de Ben Ali à des médias "Gouv-Privé", deux concepts différents mais qui ont conduit au fil des décennies à la dégradation du paysage médiatique en Tunisie. C'est pourquoi, a-t-elle relevé, qu'il est impératif aujourd'hui pour les médias notamment pour le cas de La Presse, de jouer un rôle régulateur, afin de devenir des médias de service public en se conformant aux normes journalistiques dans un contexte d'autorégulation. En effet, ajoute de son côté le chercheur et professeur universitaire Larbi Chouikha, il faut se rappeler que depuis l'indépendance, l'information a été perçue comme un appareil de propagande qui s'est accompagné par l'étouffement petit à petit de la presse d'opposition. Cela dit, après le 14 janvier, la situation des médias dans sa globalité est considérée comme une expérience inédite et originale, grâce à l'émergence de nouvelles expressions et la suppression notamment du ministère de la communication. Toutefois, a-t-il précisé, il ne faut pas oublier que le paysage médiatique n'est aujourd'hui régi par aucun cadre juridique et institutionnel, ce qui peut amener à deux alternatives: soit atteindre des situations inédites et nouvelles qui nous permettent de réaliser un paysage médiatique indépendant, transparent et neutre ou tout simplement renouer avec les mêmes pratiques d'antan et dans ce cas, nous serons face à une "éclaircie de plus". Ainsi, ajoute Agnès Callamard, présidente de l'Article 19 (organisation indépendante des droits de l'homme oeuvrant pour la protection de la liberté d'expression), un signal d'alarme devrait aujourd'hui être tiré. En effet, la stagnation des réformes des médias depuis le début de 2012 est alarmant faisant référence aux décrets, 41, 115 et 116. Tweet Share Suivant