TUNIS, 6 mars 2010 (TAP) - M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, a souligné que la recherche scientifique représente un enjeu majeur pour la Tunisie et un secteur stratégique sur lequel reposent les fondements de l'économie et qui participe à l'accélération du rythme de croissance pour permettre à la Tunisie de rejoindre le cortège des nations avancées. Présidant, samedi, au Palais du Gouvernement à la Kasbah, la réunion du Conseil supérieur de la recherche scientifique et de la technologie, le Premier ministre a indiqué que l'économie souhaitée se caractérise par un haut niveau technologique et doit répondre aux exigences du développement durable et de la nouvelle structuration des demandeurs d'emploi qui sont en augmentation croissante notamment parmi les diplômés de l'enseignement supérieur. Il a réaffirmé la ferme détermination de la Tunisie à amorcer une nouvelle étape avec des objectifs de qualité dans le domaine de la recherche scientifique et de l'innovation technologique, rappelant que le nouveau Programme présidentiel pour le prochain quinquennat a consacré un axe spécial au secteur de la recherche scientifique, compte tenu de l'importance du rôle de ce secteur face aux défis futurs, dans un monde où il n'y a plus d'avenir pour ceux qui ne maîtrisent pas les sciences et la technologie. M. Ghannouchi a passé en revue les orientations et les objectifs fixés dans le volet spécial réservé dans le Programme présidentiel au secteur de la recherche. Il a cité notamment l'objectif de porter de 1,25 pc actuellement à 1,5 pc à l'horizon 2014 la part de la recherche scientifique et de la technologie dans le PIB national. Il a également cité l'élaboration d'une stratégie visant à valoriser les résultats de la recherche scientifique dans tous les secteurs et l'encouragement des grandes entreprises à réserver 1 pc de leur chiffre d'affaires à la recherche scientifique et à l'innovation technologique. Le Premier ministre a ajouté que la Tunisie entamera avec le nouveau programme présidentiel, une nouvelle phase du programme de mise à niveau industrielle qui sera marquée par l'intégration des recherches appliquées dans les secteurs porteurs et à haute valeur ajoutée, outre le renforcement de la relation avec les compétences tunisiennes établies à l'étranger en vue de les associer à la réalisation et à l'évaluation des travaux de recherche. Le Premier ministre a précisé que ces orientations et objectifs tendent à consolider les fondements de la société du savoir et de l'intelligence et à faire de la Tunisie une plate-forme technologique avancée dans son environnement. Le Premier ministre a, par ailleurs, rappelé les étapes franchies sur la voie de la concrétisation des précédents programmes présidentiels (1999-2004 et 2004-2009) et qui ont permis d'augmenter les dépenses réservées à la recherche scientifique pour atteindre 1 pc du PIB en 2004 et 1,25 pc en 2009. M. Ghannouchi a mis l'accent sur l'évolution qu'a connue le secteur de la recherche scientifique en termes de multiplication des centres, unités et laboratoires de recherche ainsi que la dynamique intense que connaissent les publications scientifiques et l'augmentation du nombre des pépinières d'entreprises et des complexes technologiques. Le Premier ministre a souligné l'attention particulière portée par le Président Ben Ali au Conseil supérieur de la recherche scientifique et de la technologie, à l'instar des autres conseils consultatifs, compte tenu du rôle stratégique de ce secteur dans l'impulsion de l'œuvre du développement, la conception des contours de l'avenir, la dynamisation des politiques tracées et la finalisation de la mise en oeuvre des orientations et des objectifs fixés. Un rapport a été présenté, à cette occasion, sur les résultats enregistrés, durant l'année 2009, au niveau de la réforme du système de la recherche scientifique et de l'innovation technologique, et la promotion de leur rendement, afin de relever les défis futurs et instaurer une économie moderne et compétitive. Ce rapport évoque, en outre, les principaux programmes en cours d'exécution pour la concrétisation des orientations du programme présidentiel 2009/2014, notamment la mise à niveau des laboratoires et des unités de recherche, et la création de plus de pôles technologiques. M. Mahmoud Saïd, secrétaire général adjoint du RCD chargé du programme d'avenir, s'est félicité de la dynamique du secteur de la recherche scientifique, surtout grâce aux réformes profondes décidées en sa faveur, dans le but de promouvoir son rendement et de valoriser ses résultats et de les exploiter au service des priorités de développement. Il a, en outre, mis l'accent sur l'importance de mieux promouvoir les ressources humaines, de polariser les compétences tunisiennes résidant à l'étranger, de tirer profit de leur expérience et des programmes de coopération bilatérale internationale et multilatérale, et de consolider l'ouverture du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique sur l'environnement de la production. De son côté, M. Mondher Thabet, secrétaire général du Parti social libéral (PSL) a évoqué l'absence de recherches tunisiennes dans les domaines des sciences humaines. Il a souligné, dans ce sens, l'importance d'approfondir l'analyse sur cette question, de soutenir davantage matériellement et moralement, et d'encourager les chercheurs tunisiens. Il a proposé, à cet effet, de créer des centres de recherches spécialisés pour les sciences humaines. Pour sa part, M. Mongi Khamassi, secrétaire général du Parti des verts pour le progrès (PVP), a souligné la nécessité d'accorder au problème des changements climatiques l'intérêt qu'ils méritent, surtout en raison de ses retombées sur de nombreux secteurs vitaux, notamment les ressources hydrauliques et naturelles, les énergies nouvelles et renouvelables, et la qualité de l'environnement de la vie. Il a mis l'accent, dans ce sens, sur la nécessité de mettre en place un plan cohérent pour le suivi des changements climatiques et la prévention de leurs effets. Le représentant du Parti de l'unité populaire (PUP) a insisté, de son côté, sur la nécessité d'élargir la composition du conseil supérieur de la recherche scientifique et de la technologie, de lui accorder des prérogatives supplémentaires et de faire participer les chercheurs à ses activités. Il a, d'autre part, appelé à motiver les chercheurs pour fournir davantage d'efforts et à renforcer leur encadrement de manière à conforter le secteur de la recherche et de l'innovation. Le représentant du Mouvement des démocrates socialistes (MDS) a évoqué l'absence d'un statut pour les chercheurs tunisiens, à l'exception du secteur de la recherche scientifique agricole. Il a rappelé, à ce propos, que toutes les évaluations qui ont ciblé les résultats des recherches scientifiques nationales ont montré que leur nombre a augmenté, sans parler, aussi, de leur qualité qui s'est amélioré. Il a insisté, en particulier, sur l'importance de soutenir les travaux des structures de la recherche et de décider des incitations supplémentaires pour les chercheurs. Par ailleurs, le représentant de l'Union démocratique unioniste (UDU) a proposé la préparation de projets de recherches en partenariat avec les autres ministères. Il a, en outre, insisté sur la nécessité de dynamiser les mécanismes de coopération et de partenariat, entre les systèmes de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, d'une part, et la production, de l'autre, afin d'adapter les résultats des recherches aux besoins de l'économie nationale. Pour le représentant du Parti "Ettajdid", il est important d'approfondir le débat sur l'ensemble des problématiques posées au secteur de la recherche scientifique et de la technologie, en Tunisie, ainsi que sur les moyens adaptés pour sa promotion, au niveau des structures institutionnelles et de l'infrastructure de base. Il a souligné la nécessité de se concentrer sur les recherches dans les domaines prioritaires du développement ou ayant une haute valeur ajoutée. M. Mabrouk Bahri, président de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (UTAP), a mis l'accent sur l'impératif d'orienter la recherche scientifique vers le renforcement du rendement et de la qualité, en tant que facteurs d'impulsion du développement et de l'exportation. Il s'est prononcé en faveur de la mise en valeur des spécificités naturelles et économiques de la région, de raffermir les liens entre chercheurs et agriculteurs, d'encourager la recherche scientifique expérimentale et de l'exploiter, au mieux, dans la filière de la transformation et de l'industrialisation des produits agricoles. De son côté, M. Moncef Zahi, secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), a exprimé la fierté de la centrale syndicale de tous les professeurs et chercheurs Tunisiens. Il a mis l'accent sur la nécessité d'accorder toute l'attention requise à l'enseignement supérieur et à la recherche scientifique. M. Zahi a appelé au renforcement de la représentation des chercheurs tunisiens au sein du conseil et à l'augmentation des crédits alloués à la recherche. Il a, également, appelé à rapprocher la recherche des questions sociales et économiques et à faciliter l'accès aux données nécessaires pour les travaux de recherche. Pour le représentant de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), la pérennité de l'entreprise commande de maîtriser les techniques de pointe et de répondre, au mieux, aux besoins du marché. Les membres du gouvernement ont, dans leurs interventions, affirmé que l'Etat s'emploie à développer la recherche scientifique et l'innovation technologique et à remédier aux difficultés rencontrées par le secteur. Ils ont rappelé que les efforts sont axés sur la gestion du système de la recherche et la mise en valeur de ses résultats à travers la formation de spécialistes dans ce domaine et la création d'une structure de promotion de la recherche. La coordination entre les départements concernés, en l'occurrence, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministère de l'Industrie et de la Technologie, sera renforcée par la création de nouveaux mécanismes et programmes communs. L'objectif est de conforter les capacités des entreprises économiques dans le domaine de la recherche et de créer une nouvelle génération d'entreprises à haute capacité technologique. Les membres du gouvernement ont mis l'accent sur l'importance du réseautage entre les unités et laboratoires de recherche dans divers domaines. Ils ont rappelé tout l'intérêt accordé par l'Etat à la recherche en nouvelles technologies à l'instar de la nanotechnologie et aux secteurs figurant parmi les priorités nationales tels que l'énergie et l'eau. En réponse aux interventions des participants, M. Ghannouchi a exprimé sa satisfaction pour les hommages qui ont été rendus aux efforts déployés en vue d'impulser le secteur de la recherche scientifique et de la technologie. Il a indique que l'évaluation objective de ces efforts, qui a été réalisée par des experts tunisiens et étrangers dans le cadre de la coopération entre la Tunisie et les institutions internationales de recherche, a prouvé que la recherche scientifique en Tunisie a atteint un niveau appréciable. Il a fait remarquer que la réalisation des objectifs de développement fixés pour la période à venir est étroitement liée à la rationalisation du système de la recherche scientifique et technologique, soulignant que cet objectif est au coeur du programme présidentiel pour le prochain quinquennat, comme en témoignent les multiples décisions et mesures successives issues des conseils ministériels réunis sous la présidence du chef de l'Etat. Le Premier ministre a précisé que les principales orientations fixées dans le secteur de la recherche scientifique, aux niveaux académique, technologique et de développement, portent essentiellement sur le réseautage des structures de recherche pour en conforter l'efficience, la rationalisation de l'évaluation et l'introduction de plus de souplesse dans le cadre de contrats-programme pour orienter les travaux de recherche vers les secteurs prioritaires. Le Premier ministre a ensuite présenté les grandes lignes de la stratégie adoptée dans le domaine de l'innovation technologique, stratégie qui repose en particulier sur le renforcement et l'amélioration de la productivité et l'encouragement de l'invention en vue de permettre à l'économie nationale de réaliser la mutation qualitative escomptée et d'ouvrir devant les diplômés de l'enseignement supérieur des horizons plus larges. Il a indiqué que cette stratégie vise également à améliorer la qualité de la formation dans certaines filières scientifiques et à consolider l'infrastructure, à travers la réalisation de complexes technologiques permettant aux entreprises de fabriquer des produits à haute valeur technologique. Le Premier ministre a également réaffirmé le souci de développer davantage les espaces technologiques créés dans certaines régions du pays, à l'instar de ceux de La Manouba, Ennahli, Sousse, Sfax, Gabès et Gafsa. M. Ghannouchi a également mis l'accent sur l'importance des études sectorielles qui ont pour objectif d'identifier les secteurs capables de promouvoir les produits tunisiens sur les marchés étrangers, tels que le secteur des énergies alternatives et des services liés à la technologie à la communication et à l'information ainsi que le secteur du consulting. Il a relevé l'importance de ces secteurs dans la multiplication des créations d'emploi en faveur des diplômés de l'université.
