TUNIS, 29 avr. 2010 (TAP) - "Mon livre est une description d'une pêche du passé, à partir des souvenirs d'enfance mais aussi de données scientifiques et techniques bien précises d'un rite ancestral" c'est par ces propos, que l'auteur italien Luc Corso, a présenté, mercredi au centre culturel italien à Tunis, son livre "La pêche du thon rouge en Tunisie". Puisant dans ses souvenirs d'enfance, en Tunisie, son pays natal, Luc Corso, petit fils du capitaine de pêche, "Raïs" Luca Corso en Tunisie (1917-1943), précise que cet ouvrage qui émane d'une passion pour la mer, se veut un témoignage sur l'aventure humaine dans ce métier pratiqué, en Tunisie, depuis les phéniciens jusqu'à l'empire romain. En effet, la publication de ce livre est pour lui une sorte de contribution à la préservation d'un patrimoine humain, culturel et génétique d'une race en extinction. A travers un saut dans le passé, l'ouvrage raconte, dans un style poétique, affectif et technique à la fois, le rite, du début à la fin, les techniques, les prières et les chants qui sont, écrit-il, tous les mêmes depuis des générations, transmis par des hommes dont "le visage est buriné par le soleil et les yeux rougis par le sel". Avec une exactitude surprenante, dans une écriture qui ressemble parfois à un synopsis, l'auteur dévoile, en tant qu'expert, chercheur, connaisseur et observateur, les secrets de cet univers commandé par le Rais (Grand Chef), le dépositaire des arts et des connaissances, celui qui lève le bras et lance l'ordre d'harponner les thons, avant que la scène étonnante, grandiose, envoûtante et effroyable de la mattenza ne commence. * Hichem Ben Ammar: Revenir sur les traces d'"O capitaine des mers" Dans son volet historique, le livre donne un aperçu du développement de cette pêche en Tunisie, la présence des italiens dans ce domaine, l'organisation notamment de la thonaire de Sidi-Daoud, l'histoire des concessions en Tunisie appuyée par des statistiques (1852 à 1936). Outre sa collection personnelle, l'auteur a illustré ce livre-album par des photos extraites du documentaire de Samama Chikli tourné à Sidi Daoud en 1909 ainsi que du documentaire " O!capitaine des mers" du réalisateur tunisien Hichem Ben Ammar. Présent à cette rencontre, Hichem Ben Ammar a formé le voeu de revenir sur ces lieux pour s'interroger, dans une autre vision cinématographique, sur l'authenticité de cette culture qui est en train de disparaître. D'ailleurs, il a annoncé que les prochaines rencontres cinématographiques de Hergla consacreront à cette thématique un cycle de films notamment portugais, tunisiens, et français. Prenant à son tour la parole, Leila Adda, chercheuse à l'Institut d'Histoire du Mouvement National a mis l'accent sur l'importance de cet ouvrage dans la mesure où il permet, tout en situant la Tunisie dans l'aventure maritime méditerranéenne, de transmettre les connaissances, les techniques, la culture et le rite d'une pèche, qui comme écrit Luc Corso "a assuré travail et bien être à des milliers de familles". Cependant, conclut l'auteur, la pêche du thon rouge, sujet d'actualité, pourrait profiter au tourisme. L'exemple de l'ouverture à Sardaigne d'un thonaire pour les touristes est une manière de sauver ce patrimoine.