TUNIS, 10 août 2010 (TAP) - M. Abderraouf El Basti, ministre de la Culture et de la sauvegarde du patrimoine a évoqué dans le débat diffusé, mardi soir, sur la chaîne de télévision "Tunis 7" et la radio nationale, la place stratégique qu'occupe le secteur culturel en Tunisie, la réalité et les perspectives de la production théâtrale et cinématographique, les mesures prises pour renforcer l'investissement privé dans la culture, outre l'impulsion du tourisme culturel, la protection du patrimoine et la promotion de toutes les formes des arts et des expressions culturelles, de manière à consolider le rayonnement de la Tunisie en tant que phare permanent de la culture. Les participants à ce débat, tout en relevant l'intérêt constant dont bénéficie le secteur culturel depuis le Changement, ce qui a permis à la culture d'être le support du Changement, se sont interrogés sur le soutien à la production culturelle, les moyens de développer cette production au niveau quantitatif et qualitatif, dans les domaines du théâtre, du cinéma et des arts plastiques, ainsi que sur le renforcement du partenariat public-privé dans ce domaine. Un rayonnement culturel permanent Dans son intervention, M. Abderraouf El Basti, a indiqué que le secteur culturel observe une mutation décisive marquée par la mise en oeuvre du programme présidentiel ''Ensemble, relevons les défis'' dont le point 18 est consacré à la culture sous le titre ''la Tunisie, un rayonnement culturel permanent''. Ce programme offre l'opportunité pour tous de participer à la vie culturelle et de promouvoir la création nationale pour qu'elle soit capable de gagner le pari de la concurrence et du rayonnement. Il s'agit également de faire de la culture un secteur productif pouvant contribuer à la création de la richesse et des postes d'emploi, une ambition légitime, dit-il, puisqu'elle repose sur une plateforme d'acquis et une politique culturelle initiée depuis le Changement. Après avoir passé en revue les réalisations, les acquis et les législations du secteur culturel en Tunisie depuis le Changement du 7 novembre et qui ont permis de hisser l'homme de culture au statut de partenaire à part entière, dans le cadre d'une approche réformiste, visant à instaurer une société démocratique dans laquelle l'intelligence et la création bénéficient d'une grande sollicitude, le ministre a fait remarquer que le projet présidentiel a fait de la culture, dans son acception globale, l'un des fondements du développement politique, social et économique. Il a ajouté que notre ambition est de faire de la culture un secteur productif, encourageant la création et la modernisation, car la culture est à l'origine d'un ensemble de valeurs et de concepts permettant à la société de s'engager résolument sur la voie de la création et d'être en phase avec les mutations en cours. Cette ambition, poursuit-il, ne peut être réalisée qu'à travers l'exploitation optimale de nos potentialités créatrices. Etude stratégique sur les industries culturelles Certains participants ont axé leurs interventions sur la question du soutien du ministère à la production culturelle, s'interrogeant sur les critères appliqués en la matière. Dans ses réponses, le ministre a souligné que les méthodes traditionnelles de soutien et de financement basées exclusivement sur le budget de l'Etat ne peuvent plus couvrir le coût de la production dans les divers secteurs, ce qui explique que le Chef de l'Etat a ordonné d'accorder, en vertu du code d'encouragement à l'investissement, plusieurs avantages aux projets culturels. M. El Basti a précisé que le soutien à la production dans les divers domaines de la création et des arts (chanson, musique, théâtre, etc..) est soumis à de nombreux critères spécifiques et se déroule sous la supervision de commissions nationales. Le ministre a annoncé qu'il sera procédé à la réalisation d'une étude stratégique sur les industries culturelles pour mettre au point un plan visant à développer ces industries et à inciter le secteur privé à investir dans l'industrie culturelle notamment dans les domaines des arts et d'édition, ce qui est de nature à encourager la création et la production de contenus culturels de qualité et compétitifs. Il a insisté sur la nécessité de développer les moyens et les méthodes de commercialisation du produit touristique culturel tunisien en recourant aux multimédias et aux technologies modernes dans les campagnes de communication, soulignant l'impératif de promouvoir la Tunisie en tant que destination touristique et culturelle, partant du fait que la culture est un produit culturel autonome et non un produit occasionnel. 2010: l'année du cinéma Certains intervenants se sont interrogés sur la situation de la production cinématographique et théâtrale. Le ministre a indiqué qu'en ce qui concerne le secteur du cinéma, et dans le cadre du soutien au financement et à la production du 7ème art, l'année 2010 a été proclamée année du cinéma. Dans ce contexte, il a été procédé à la création d'un mécanisme nouveau pour soutenir la production des films documentaires et l'on a assisté au démarrage de la généralisation de la projection numérique dans les salles de cinéma, outre l'intérêt accordé à la préparation des salles qui accueilleront la prochaine session des Journées cinématographique de Carthage (JCC) et la formation d'une commission pour la réalisation de la cinémathèque nationale pour préserver l'archive cinématographique national. Au sujet du 4ème art, le ministre estimé que le théâtre tunisien vit de nos jours une période transitoire, précisant que ce théâtre ne connaît pas une régression au niveau du nombre des pièces théâtrales et de la qualité, bien au contraire, il existe des éléments positifs et il faut être ouvert et réceptif à la production théâtrale de la nouvelle génération. Il a, d'autre part, réaffirmé la nécessité d'oeuvrer pour la réhabilitation du théâtre scolaire et universitaire à travers la consolidation de la coopération avec les ministères de l'éducation et de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Il a ajouté qu'il sera procédé à la révision des méthodes de soutien pour contribuer à la production d'oeuvres de qualité, à la réorganisation des rapports entre le professionnalisme et l'amateurisme, outre l'évaluation de l'expérience du Théâtre national et des centres des arts dramatiques. Répondant à une question sur l'activité culturelle dans les régions, M.El Basti a indiqué que les efforts se poursuivent pour que chaque région puisse exprimer sa spécificité culturelle, relevant qu'il sera procédé à la restructuration des comités locaux et régionaux pour qu'ils soient capables d'assurer une programmation ciblée prenant en compte la spécificité de la région. Il a, à cette occasion, appelé le tissu associatif à participer à l'élaboration des plans et programmes culturels régionaux. D'un autre côté, le ministre a souligné que la cité de la culture sera l'une des institutions culturelles de référence, eu égard à la diversité de ses composantes, puisqu'elle comportera des salles pour l'opéra et le théâtre et un musée de arts contemporains, parmi les premiers espaces culturels de ce grand projet. Protection de la propriété intellectuelle et artistique Dans le domaine de la protection de la propriété littéraire et artistique, question évoquée par certains participants dans ce débat, le ministre a rappelé qu'il a été procédé à la mise en place d'un cadre juridique pour la protection des droits littéraires et financiers des créateurs tunisiens dans les domaines de la littérature, des arts et des sciences en vertu de la loi relative à la propriété littéraire et artistique promulguée en 1994 et qui a été amendée en 2009 pour qu'elle soit en phase avec l'accord de Berne (Droits d'auteur). Ce cadre permettra d'élargir le champ de la protection pour englober les artistes de l'interprétation, les producteurs des enregistrements audio et audiovisuels et les organismes de diffusion radiophonique et télévisée (droits voisins) et ce, à la lumière des engagements régionaux et internationaux contenus dans les accords concernés. Pour renforcer cette orientation, il a été procédé à la création de l'établissement tunisien pour la protection des droits d'auteur: un établissement public pluridisciplinaire en charge de la gestion collective du droit d'auteur à travers le régime de l'adhésion et de la déclaration et le régime du dépôt des ouvrages. Le ministre a, en conclusion, mis en exergue la place qu'occupe la culture dans le projet de société prôné par le Président Zine El Abidine Ben Ali, soulignant que la politique culturelle nationale est fondée sur l'écoute et le dialogue avec les divers intervenants dans le secteur parmi les créateurs et les composantes de la société civile, afin que la Tunisie bénéficie d'un rayonnement culturel permanent comme le souhaite le Président Zine El Abidine Ben Ali dans son programme ''Ensemble, relevons les défis''