TUNIS, 5 fév 2011 (TAP) - Les entreprises étrangères installées en Tunisie ont repris rapidement leurs activités, selon les témoignages recueillis par l'Agence TAP auprès d'investisseurs étrangers dans des secteurs de pointe (aéronautique, mécanique et électronique). Certains ont eu à faire face à des revendications sociales mais affirment les avoir gérées sans difficultés. L'Agence TAP a contacté ces responsables étrangers pour recueillir leurs appréciations de la situation de leurs unités de production en Tunisie et sollicité l'avis de l'UGTT sur les revendications sociales exprimées. M. Bruno Bourel, directeur général de l'«AFC industrie», a déclaré que les activités de la société ont repris avec 50% du personnel, dès le 15 janvier, un jour après le départ du président déchu. Cette société off-shore présente en Tunisie depuis 15 ans et spécialisée dans la sous-traitance industrielle (mécanique, électronique, bobinage, câblage..), a poursuivi son activité d'exportation le même jour (15 janvier), a-t-il ajouté, précisant que le 18 janvier 2011, a marqué le véritable retour à la production normale. Le directeur de la société a précisé que l'unité installée dans la zone industrielle de Mghira II (Fouchana), n'a subi aucun dégât lors des derniers évènements et que les employés (80 personnes), travaillant conformément à la loi et dans le cadre des conventions sociales en vigueur, ont repris leurs tâches, sans faire de revendications. Il a toutefois eu des échos sur "des revendications sociales dans d'autres entreprises étrangères" et estime que "certaines sont légitimes et d'autres illégitimes, émanent de manipulateurs". Concernant les entreprises étrangères installées en Tunisie, M. Bourel a souligné qu'il faut les rassurer en leur montrant que l'économie du pays reprend son cours et qu'il faut préserver les emplois et faire en sorte que d'autres entreprises viennent investir. M. Gaby Lopez, directeur général de Zodiac Aérospace Tunisie, implantée à Soliman (Gouvernorat de Nabeul) a affirmé que la société a repris ses activités dès le 17 janvier. Spécialisée dans les composants aéronautiques et faisant partie du groupement des industriels tunisiens de l'aéronautique et du spatial (GITAS), l'entreprise a cependant, accusé, a-t-il dit, un retard au niveau de la livraison, lié plutôt au blocage des activités au port de Radès. Il a, en outre, indiqué qu'un dialogue a été établi avec des salariés qui ont exprimé des revendications à caractère social. Deux autres entreprises, relevant, également du GITAS, ont connu une situation plutôt calme, selon le directeur industriel du groupe "MECAHERS AEROSPACE", M. Paul Mirad. Ce responsable a affirmé les deux unités tunisiennes de sous-traitance dans l'aéronautique du groupe (MECAHERS ET TMIS localisées à Soliman) "n'ont fermé que quatre jours, au plus fort des évènements, pour la sécurité de nos travailleurs, sans déplorer de dégâts dans les sociétés ou dans les outils de production". "Notre personnel s'est mobilisé pour préserver l'entreprise et nous n'avons pas eu à faire face à des revendications salariales surtout que nous organisons chaque mois une réunion avec le personnel et avons mis en place des formations et des qualifications professionnelles à son intention" a-t-il dit, "Nous maintenons notre développement et notre activité en Tunisie et sommes en train de construire une autre filiale de MECAHERS, à Fouchana, pour un investissement de 5 millions de dinars". De son côté, le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), chargé du secteur privé, M.Belgacem Ayari, a déclaré que "les mouvements de protestation organisés par les employés dans les entreprises sont spontanés, étant donné la situation exceptionnelle par laquelle passe la Tunisie". Si la centrale syndicale considère que ces mouvements sont légitimes, elle veille néanmoins à les encadrer et à déterminer les priorités en matière de revendications pour les travailleurs, en vue de garantir leurs droits d'une part, et préserver les investissements et les emplois dans le pays, d'autre part, a-t-il affirmé. Etant consciente que l'investissement reste le seul moyen de créer des emplois, l'UGTT, a-t-il précisé, oeuvre à maintenir un climat social sain, basé sur le dialogue entre les différentes parties. L'UGTT entend rassurer les investisseurs étrangers a-t-il poursuivi, étant considéré que la démocratie et la transparence, objectifs auxquels s'activent toutes les parties, aura un impact positif sur les investissements dans le pays.