TRIPOLI, 2 mars 2011 (TAP) - Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a mis en garde mercredi contre une intervention militaire étrangère en Libye, menaçant de "milliers de morts", après avoir de nouveau rejeté les appels à quitter le pouvoir. "Des milliers de libyens mourront en cas d'intervention de l'Amérique ou de l'Otan" en Libye, a-t-il lancé devant ses partisans réunis dans une salle pour une cérémonie publique à Tripoli, retransmise par la télévision officielle. "Kadhafi n'a pas de fonction officielle pour en démissionner. Kadhafi est un symbole", a-t-il ajouté lors de cette cérémonie marquant le 34e anniversaire de l'établissement du "pouvoir des masses" en Libye. "Depuis 1977, moi-même et les officiers (qui ont planié la révolution de 1969) avons remis le pouvoir au peuple", a dit le leader libyen devant l'audience qui criait des slogans à sa gloire. Alors que l'insurrection sanglante a fait des centaines de morts et que les insurgés contrôlent de vastes régions de l'Est du pays, le colonel Kadhafi a dit: "il n'y a pas de manifestations en Libye, du tout". Il a en revanche soutenu que des "manifestations immenses" ont lieu pour le soutenir accusant les télévisions satellitaires de ne pas les montrer. "Les hommes, les femmes, les enfants et les vieillards ont manifesté dans des rassemblements sans précédent (pour me soutenir) mais les chaînes satellitaires arabes ne les ont pas retransmises". Portant un turban marron et une djellaba beige et régulièrement interrompu par les acclamations du public, Mouammar Kadhafi a par ailleurs appelé l'ONU à envoyer une commission d'enquête en Libye. "Nous appelons le monde et l'ONU à envoyer une commission d'enquête en Libye pour élucider les circonstances dans lesquelles des civils et des policiers sont morts". "Il n'existe pas de détenus politiques en Libye", a-t-il affirmé. Mouammar Kadhafi est arrivé au pouvoir en renversant le roi Idriss le 1er septembre 1969. En 1977, il a proclamé la "Jamahiriya", la définissant comme un "Etat des masses" qui gouvernent par le biais de comités populaires élus, et s'attribuant le seul titre de "Guide de la révolution". Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 26 février à l'unanimité une résolution imposant des sanctions sévères à M. Kadhafi, sa famille et des proches du régime, dont un embargo sur la vente d'armes et de matériels connexes à la Libye. Il a de nouveau accusé Al-Qaïda. "Les troubles ont commencé avec l'infiltration de cellules dormantes d'Al-Qaïda en Libye, qui se sont emparées des armes et ont attaqué les forces régulières", a-t-il dit. "La plupart de ceux qui ont été tués l'ont été par les terroristes qui ont attaqué des centres militaires", a affirmé Mouammar Kadhafi. "Nous combattrons jusqu'au dernier homme et la dernière femme", a-t-il ajouté. Il a par ailleurs souligné que la production pétrolière en Libye était "au plus bas". Mercredi, l'aviation et les forces libyennes loyales à M. Kadhafi menaient une contre-offensive dans l'Est de la Libye, contrôlé par les insurgés, alors que des navires de guerre américains approchaient des eaux de la mer Méditerranée.