Une foule scandant le nom de Mouammar Kadhafi s'est rassemblée lundi à Tripoli pour les funérailles d'un de ses fils et de trois de ses petits-enfants tués samedi soir par un raid de l'OTAN. A la suite de frappes de l'OTAN, les forces gouvernementales libyennes ont suspendu lundi en début d'après-midi le bombardement du port de Misrata, aux mains des insurgés, mais le port reste fermé, ce qui empêche le ravitaillement par la mer de la ville assiégée, a déclaré un porte-parole des rebelles. Les avions de l'alliance avaient auparavant frappé dans la nuit de dimanche à lundi des positions gouvernementales près de Zentane, ville aux mains des insurgés. A la suite du raid aérien de l'OTAN samedi soir contre un complexe du colonel Kadhafi à Tripoli, les autorités libyennes ont accusé l'OTAN d'avoir tenté d'assassiner le Guide, ce que l'alliance a démenti. Une foule en colère a réagi en saccageant les représentations diplomatiques de France, de Grande-Bretagne et des Etats-Unis notamment. Lundi, quelque 2.000 personnes brandissant des drapeaux et des portraits de Kadhafi ont assisté aux funérailles du fils cadet de Mouammar Kadhafi et de trois de ses petits-enfants. Le cercueil de Saïf al Arab, couvert de fleurs et enveloppé du drapeau vert adopté par la Libye après la prise du pouvoir par Kadhafi, en 1969, a été transporté jusqu'au cimetière Hani de Tripoli. Kadhafi n'a pas paru aux funérailles, mais Saïf al Islam, le plus connu de ses fils, y a participé. Saïf al Arab, 29 ans, n'avait pas d'enfants, mais trois de ses jeunes nièces et neveux ont été tués dans le raid de samedi. LA MORT DE BEN LADEN SALUEE Bien que les dirigeants occidentaux aient démenti avoir tenté de tuer Kadhafi, l'OTAN, qui commande depuis fin mars les opérations militaires en Libye, a à nouveau été accusée d'outrepasser son mandat de protection des populations civiles. Le gouvernement sud-africain, à l'origine d'une initiative de paix africaine, a condamné l'attaque et souligné que la résolution de l'ONU en date du 17 mars autorisant des raids aériens ne couvrait pas l'assassinat de personnes. Les autorités libyennes n'ont pas réagi à l'annonce de la mort d'Oussama Ben Laden, tué par des forces spéciales américaines au Pakistan. A Benghazi, le colonel Ahmed Bani, porte-parole militaire des insurgés, a exprimé sa joie et formulé l'espoir que les Américains réservent le même sort à Kadhafi. “Nous savons qu'Oussama Ben Laden combat contre nous, il est notre ennemi à nous aussi”, a-t-il dit, ajoutant que les rebelles libyens ont la preuve que des sympathisants d'Al Qaïda ont combattu contre eux. Kadhafi présente pour sa part les insurgés comme une bande armée inspirée par Al Qaïda. A Ankara, le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a annoncé qu'à la suite des attaques de représentations diplomatiques, la Turquie évacuait provisoirement le personnel de son ambassade à Tripoli. A la différence de nombreux gouvernements occidentaux, la Turquie, pays membre de l'OTAN, avait maintenu son ambassade ouverte et elle était chargée des intérêts des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Italie. Douze membres du personnel international travaillant pour les Nations unies ont aussi quitté la Libye après l'intrusion dans un complexe de l'ONU de personnes qui ont dérobé des véhicules. ARRÊT DU BOMBARDEMENT DE MISRATA Des avions de l'OTAN ont frappé lundi en milieu de journée les forces gouvernementales libyennes dans le secteur de Misrata, où le bombardement du port a cessé, a-t-on appris auprès des rebelles qui tiennent la troisième ville de Libye. Selon un porte-parole des insurgés, les frappes aériennes se sont produites vers midi (10h00 GMT). Elles visaient les faubourgs de la ville, devenue le symbole de l'insurrection dans l'Ouest libyen. “Le port, que les forces de Kadhafi avaient bombardé plus tôt dans la journée, est toujours fermé, mais les bombardements ont cessé”, a-t-il dit. Un autre représentant des insurgés dans Misrata, Hassan al Misrati, avait indiqué à la mi-journée qu'une centaine de roquettes s'étaient abattues sur les installations portuaires. Selon des mouvements de défense des droits de l'homme, plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées à Misrata, ville située à 220 km à l'est de Tripoli. Un bateau chargé d'aide attend au large l'arrêt des bombardements et le déminage des accès au port pour déposer sa cargaison et évacuer un millier d'étrangers et de Libyens blessés, dit l'Organisation internationale pour les Migrations. A l'Est, la ligne de front ne bouge plus depuis une semaine autour de la ville d'Ajdabiah, où les troupes gouvernementales ont renforcé leurs positions. A l'Ouest, les forces gouvernementales s'emploient à déloger les rebelles du djebel Nafoussa, au sud-ouest de la capitale. Des obus se sont abattus sur le territoire tunisien en marge de nouveaux combats près du poste-frontière de Dehiba, où les forces libyennes ont mené une incursion vendredi dernier qui a provoqué la colère de Tunis.