TUNIS, 17 mars 2011 (TAP) - "Le peuple tunisien a encore une fois fait l'histoire" a déclaré, jeudi, à Tunis, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, soulignant que les Tunisiens ont "montré au monde que le changement pacifique est possible". S'exprimant lors d'un point de presse conjoint avec le ministre des Affaires étrangères, Mouldi Kéfi, Mme Clinton a indiqué que les "Etats-Unis ont été aux côtés de la Tunisie dans sa lutte pour l'indépendance et la soutiennent, encore aujourd'hui, dans sa transition vers la démocratie, la prospérité et un futur meilleur". La secrétaire d'Etat américaine a qualifié sa rencontre avec le ministre des AE de fructueuse, indiquant qu'elle a permis de discuter des divers volets de la coopération bilatérale et des programmes qui seront mis en place pour assurer un soutien efficace à la Tunisie. Elle a mis l'accent sur l'importance de la transition démocratique en Tunisie, notamment la prochaine tenue "d'élections libres et transparentes" d'une Assemblée constituante et la formation des partis politiques. "Nous sommes très confiants quant au potentiel de construction démocratique et de développement économique en Tunisie, et les Etats-Unis sont disposés à aider par tous les moyens", a-t-elle encore affirmé. Les Etats-Unis "appuieront un nouveau partenariat entre la société civile tunisienne et des sociétés de technologie américaines" Dans le cadre du soutien au développement, Mme Clinton a indiqué que les Etats-Unis "appuieront un nouveau partenariat entre la société civile tunisienne et des sociétés de technologie américaines". La société Microsoft soutiendra des groupes qui oeuvrent dans le secteur des droits de l'Homme, de la démocratie et de l'éducation civique en leur fournissant des ordinateurs, des logiciels et d'autres moyens d'assistance technique du genre, a-t-elle expliqué. Les EU oeuvreront, également, à créer de nouvelles opportunités d'emploi pour les Tunisiens. La compagnie américaine pour l'investissement privé à l'étranger (Overseas Private Investment Corporation, OPIC) offrira un soutien financier sous forme de crédits directs, de garanties et d'assurances risque. OPIC soutient déjà deux sociétés tunisiennes privées d'investissement qui financent des PME, et elle encouragera les visites d'investisseurs et d'hommes d'affaires américains en Tunisie. L'Administration américaine, a-t-elle ajouté, demandera au Congrès de créer un Fonds pour les projets tuniso-américains, qui stimulera l'investissement dans le secteur privé, aidera à la création de projets à bas prix (low cost) et contribuera, notamment, au développement des régions défavorisées. "L'Administration américaine demandera au Congrès de créer un Fonds pour les projets tuniso-américains" "Dans le cadre du partenariat économique entre les Etats-Unis et l'Afrique du Nord, nous oeuvrerons à mettre en relation les hommes d'affaires américains et les jeunes entrepreneurs de la région, afin de leur offrir de nouvelles opportunités et de les aider à développer leurs projets", a-t-elle annoncé. Mme Clinton a également indiqué que le gouvernement américain explore la possibilité d'activer d'autres mécanismes de soutien économique, à l'instar de l'agence américaine pour le développement international (USAID) Elle a, dans ce sens, affirmé que "La Tunisie est aujourd'hui éligible pour contracter des prêts auprès du Fonds pour les défis du millénaire (Millenium Challenge Account, initié par l'administration américaine et destiné à accélérer la croissance pour réduire la pauvreté NDLR). "Nous oeuvrerons à mettre en relation les hommes d'affaires américains et les jeunes entrepreneurs de la région" Evoquant, par ailleurs, les "horribles violences" et les derniers développements en Libye, Mme Clinton a mis l'accent sur les efforts internationaux visant à protéger les civils et à mettre fin aux exactions de Gueddafi. Elle a, dans ce cadre, tenu à remercier la Tunisie pour sa gestion humanitaire "impressionnante" de cette crise. "Durant une période difficile pour votre pays, vous avez fait montre d'une générosité incroyable pour soulager les souffrances des réfugiés sur la frontière", a-t-elle relevé. Elle a, dans ce sens, indiqué que la Communauté internationale examine actuellement, au sein du conseil de sécurité des Nations Unies, la meilleure manière "d'empêcher Gueddafi d'éliminer l'opposition et de tuer d'autres citoyens innocents". Mme Clinton remercie la Tunisie pour sa gestion humanitaire "impressionnante" de la crise des réfugiés sur la frontière avec la Libye "Ni les Etats-Unis ni aucun autre pays n'agira unilatéralement, toute action sera issue d'une décision concertée au sein du conseil de sécurité", a-t-elle précisé. "Les Etats-unis soutiendront les décisions du conseil de sécurité et nous oeuvrerons pour une large participation qui inclut les pays arabes, en vue d'assurer le suivi du cours que vont prendre les choses", a-t-elle fait observer. Mme Clinton s'était entretenue, avant la conférence de presse, avec, respectivement, le Premier ministre par intérim et le ministre des Affaires étrangères. La conférence de presse, improvisée dans la précipitation, était initialement prévue au ministère des Affaires étrangères, mais un rassemblement de contestataires devant le département a été à l'origine de son transfert au palais du Gouvernement à la Kasbah. Situation en Libye: "Ni les Etats-Unis ni aucun autre pays n'agira unilatéralement, toute action sera issue d'une décision concertée au sein du conseil de sécurité" "Je m'excuse au nom de Mme Clinton et en mon nom pour ce retard et pour ces contretemps, "c'est le prix de la liberté", a indiqué M. Mouldi Kéfi. Quelques centaines de personnes se sont, également, amassées devant le palais du Gouvernement brandissant des pancartes et scandant des slogans contre la visite de Mme Clinton en Tunisie. On pouvait, notamment, lire "Non à une tutelle américaine sur le sol tunisien", "USA out" "(Etats-Unis dehors) ou encore "We don't want you here" (nous ne voulons pas de vous ici).