TUNIS, 7 mai 2011 (TAP) - Des partis tunisiens ont averti contre les dangers du retour de la dérive sécuritaire que vivent ces derniers jours certaines régions du pays, dénonçant les violations et les agressions commises par les forces de l'ordre à l'encontre de manifestants et de journalistes. Ces partis ont appelé, dans des communiqués rendus publics, samedi, les Tunisiens à ne pas se laisser guider par les ennemis de la révolution et tous ceux qui cherchent à contourner les nobles objectifs de la révolution. Le Mouvement des Démocrates Socialistes (Taïeb Mohsni) a évoqué l'état de dérive sécuritaire vécue, ces deux derniers jours, par la Tunisie, et qu'il a qualifie de "dangereux et d'injustifiable". Il a mis en relief le droit d'expression et de manifestation pacifique de chaque citoyen, condamnant les agressions et les opérations de pillage dont sont victimes les citoyens, tout en exhortant toutes les composantes de la société civile à resserrer leurs rangs contre tous ceux qui font usage de la violence pour s'exprimer. De son côté, l'Union démocratique unioniste a relevé que ces événements sont la résultante de l'absence de confiance mutuelle entre le gouvernement provisoire et le peuple, appelant M. Béji Caïd Essebsi, premier ministre à donner des éclaircissements tangibles sur les déclarations faites par M. Farhat Rajhi, s'agissant notamment de l'existence d'un gouvernement d'ombre. Pour sa part, et face à ces événements, l'Union populaire républicaine a déploré les agressions barbares commises par les agents de sécurité contre des manifestants pacifiques qui n'ont cherché qu'à exprimer leurs points de vue en toute liberté et démocratie. Il a fait remarquer que "ces agissements ont dépassé leur caractère légitime pour atteindre les pires formes de vengeance que nous croyons avoir éradiquées avec la déchéance du régime de Ben Ali", considérant ces agressions ignobles comme étant une nouvelle preuve de l'incapacité du gouvernement provisoire à gérer cette phase délicate de l'histoire de la Tunisie. Il a fait assumer au ministre de l'Intérieur la responsabilité entière des agressions commises à l'encontre des journalistes au sein même de leurs entreprises et qu'il n'est pas acceptable de clore ce dossier après de simples excuses formulées par le ministère de l'intérieur. A son tour, le parti socialiste libéral a condamné les agissements irresponsables dirigés vendredi contre des manifestants qui se sont exprimés de manière pacifique et des journalistes qui accomplissaient leur devoir professionnel, appelant à l'ouverture d'une enquête à ce sujet. Pour ce qui est du Congrès pour la république, il a appelé à démettre de ses fonctions le ministre de l'intérieur, soulignant l'impératif de poursuivre tous les responsables sécuritaires impliqués dans "le meurtre et la répression des manifestants". Il a également exhorté le gouvernement provisoire à assumer la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays, considérant les incidents survenus vendredi comme "une tentative de porter atteinte aux acquis de la révolution, en particulier le droit d'expression". Le parti "Al Majd" a fait part de sa solidarité avec les journalistes tunisiens et de son appui à leur communiqué diffusé vendredi, sonnant l'alerte contre le danger de tels comportements qui "ne favorisent d'aucune manière la réalisation de la transition démocratique." Il a appelé toutes les parties à faire preuve du patriotisme et à s'attacher aux principes de la révolution, fondée essentiellement sur le respect de l'intégrité physique des individus qu'ils soient des manifestants, des journalistes ou des agents de l'ordre. Il a, d'autre part, exhorté le premier ministre à apporter des réponses aux questions qui préoccupent les citoyens afin de garantir la transparence. Commentant ces mêmes événements, le parti du Centre social se déclare profondément préoccupé par "l'incapacité des autorités à révéler la vérité au peuple", estimant que la principale cause de la dérive sécuritaire réside dans les organismes sécuritaires qui cherchent à reprendre la position qu'ils ont perdus après la révolution. Quant au parti l'avant-garde démocratique et socialiste, il a dénoncé avec force la répression des manifestants et les agressions commises contre des citoyens et des journalistes. Il a recommandé aux parties ayant adhéré au processus consensuel de renouveler leur engagement à respecter la date des élections de la constituante fixée pour le 24 juillet 2011, insistant sur le danger de mettre en doute la crédibilité de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution. Dans le même ordre d'idées, le parti libéral maghrébin exprime sa préoccupation face à la dérive sécuritaire que connaît le pays, appelant à la formation d'un front démocratique et républicain pour assurer le succès des prochaines élections. Le parti socialiste libéral (Hosni Lahmar) a considéré que "les graves accusations adressées par l'ancien ministre de l'intérieur sont de nature à porter préjudice à la sécurité nationale et à semer le désordre", condamnant "toute atteinte au prestige de l'armée nationale et toute provocation des rivalités régionalistes". S'agissant de la même question, le parti démocrate progressiste a dénoncé la violence manifeste exercée par les forces de l'ordre contre les manifestants et même contre des passants et des journalistes. Le parti des verts pour le progrès a réaffirmé son attachement aux principes de la révolution, relevant que la situation précaire de l'économie nationale, l'alourdissement du fardeau sur l'Etat et l'impératif de traiter les problèmes sociaux, au premier rang desquels figure l'emploi, exigent de tous de faire preuve de sagesse et de modération, et de d'éviter l'incitation à la violence.