GAMMARTH, 14 mai 2011 (TAP) - Les travaux de la consultation nationale sur "Le programme de renforcement de l'activité économique: bonne gouvernance et opportunités", ont démarré, samedi, matin, dans la banlieue-Nord de la capitale, en vue d'exposer les réformes devant être introduites par le Gouvernement provisoire durant l'étape à venir et de se concerter avec les différentes composantes de la société civile, partis politiques, organisations, associations, secteur privé, universitaires et professionnels sur les moyens de les mettre en oeuvre avec l'efficacité et la célérité requises. Cette consultation offre une opportunité idoine pour réaliser le consensus national et fonder un pacte social dans le cadre de la liberté d'expression, de manière à contribuer au succès de la transition démocratique, à garantir le développement juste et durable, à conforter la stabilité économique et sociale et à jeter les fondements d'un Etat nouveau, où prévaut une véritable démocratie. Au cours de la séance d'ouverture de cette consultation, M. Rafaa Ben Achour, ministre Délégué auprès du Premier ministre, a réaffirmé le souci du Gouvernement provisoire d'intensifier la concertation et le dialogue sur les moyens permettant de faire face à la conjoncture actuelle, notamment après les événements vécus récemment par le pays et qui ont suscité le désordre et occasionné des dégâts importants à plusieurs établissements publics et privés, dans les régions, de même qu'ils ont été à l'origine de la régression de la plupart des indicateurs économiques, en particulier ceux touristiques et d'investissement. Le retour des ressortissants tunisiens en Libye et l'affluence des réfugiés libyens et autres vers le territoire national, a-t-il ajouté, ont constitué une source de pression supplémentaire sur les dépenses publiques, notamment à la lumière de la régression enregistrée au niveau des secteurs des exportations, du transport et de l'emploi, régression qui a engendré le ralentissement du rythme de croissance qui est désormais de l'ordre de 1%, la baisse des investissements extérieurs et l'amplification du déficit qui a atteint 6,2% du PIB, relevant que les opérations de destruction et de pillage ont provoqué des pertes estimées à 3 milliards de dinars. Il a fait remarquer que face à cette situation, le Gouvernement provisoire a pris l'initiative d'élaborer un programme cohérent destiné à promouvoir l'économie nationale, programme axé sur 4 volets essentiels, en l'occurrence l'impulsion de l'emploi, le renforcement du développement régional, l'intensification de l'investissement privé et la consolidation des interventions à caractère étranger en faveur des régions. M. Rafaa Ben Achour a, à cet égard, passé en revue les différentes réformes législatives décidées par le gouvernement transitoire, avant de fixer le cadre général organisant la période de transition, de façon à garantir l'organisation d'élections libres et transparentes pour l'Assemblée nationale constituante et à aller de l'avant sur la voie de la réalisation des objectifs de la révolution du 14 janvier. Il a, d'autre part, relevé que la révolution a contribué à l'instauration d'un régime démocratique et à la mise en place d'un Etat gouverné par la loi, de même qu'elle a fait apparaître des violations et des formes de corruption dans nombre de domaines, dont en particulier la répartition inéquitable de la richesse du pays, l'absence de transparence et la mauvaise gestion des deniers publics, ce qui a nécessité l'institution d'une série de réformes urgentes dans les domaines de la bonne gouvernance, de l'emploi et du développement social, et ce sur la base d'une étude technique et dans le cadre de la concertation avec les différents partenaires, afin de promouvoir l'économie nationale. Le ministre Délégué auprès du Premier ministre a, par ailleurs, affirmé que la réussite de cette consultation est tributaire de la conjonction des efforts de toutes les composantes de la société civile, appelant à sensibiliser toutes les parties concernées quant à l'ampleur des défis qui se posent. M. Abdelhamid Triki, ministre de la Planification et de la Coopération Internationale du Gouvernement provisoire, a précisé que ce programme comporte un ensemble de mesures à court terme s'articulant autour de quatre axes à savoir la bonne gouvernance, le secteur financier, l'emploi et le développement régional et social. Le ministre a estimé que les réformes qui concernent la bonne gouvernance visent à améliorer la transparence, garantir l'efficience, réduire les mesures discriminatoires, à travers, notamment, la révision de la loi sur les associations, la promulgation d'un décret organisant l'accès du public aux documents et informations émanant de l'administration . Il s'agit, également, de réviser l'arrêté réglementant les marchés publics et de créer une commission supérieure de la réforme administrative. Les mesures relatives au secteur financier, prises en concertation avec la profession, visent à travers l'adoption d'un texte juridique et d'un cadre de contrôle de l'activité de la micro-finance, à renforcer l'efficacité de cette dernière. Il s'agit, également, de la publication d'une circulaire de la Banque centrale de la Tunisie qui fixe les critères de la bonne gouvernance au sein des banques, selon les normes internationales. Les réformes ont, aussi, pour objectif de renforcer les capacités de la banque centrale en matière d'évaluation des risques et de mettre en place, une loi pour dynamiser le capital risque dans les différents domaines. En ce qui concerne l'emploi et le développement régional, M.Triki a souligné que les réformes concernent la promulgation d'un décret relatif au transfert de la gestion du Fonds national de l'emploi (21-21) au ministère de l'emploi et de la formation professionnelle et le démarrage de l'audit financier et de l'évaluation de ce fonds. Les réformes visent la mise en place d'un programme de recherche active d'emplois pour les diplômés du supérieur, la prise de mesures conjoncturelles pour préserver les postes d'emplois menacés outre la mise en place de mécanismes permettant de réduire les disparités régionales. S'agissant des réformes sociales, elles concernent, a précisé le ministre, la création d'un mécanisme de suivi de l'efficacité des prestations de services outre la réalisation d'un programme urgent englobant l'ensemble des services de proximité dans les régions déshéritées. Il s'agit, encore, de fixer les conditions pour bénéficier des projets d'encadrement social, à l'instar du programme d'indemnisation des familles des martyrs de la révolution et les programmes spécifiques pour les ressortissants tunisiens, revenant de Libye. Ce programme est soutenu financièrement par la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement, la Commission Européenne et l'Agence Française du développement, pour un montant d'environ 1,4 milliard de dollars. Cette enveloppe couvre la moitié des besoins de financements complémentaires pour l'année 2011.