TUNIS, 30 nov. 2009 (TAP) - Signé Raja Amari, «Les secrets» (Dawaha), premier long-métrage tunisien de la saison culturelle 2009-2010, a été projeté lundi en avant première, pour la presse, à la salle Africart à Tunis, avant sa sortie nationale prévue le 3 décembre à Alhambra (La Marsa), Hannibal (El Manar) et Cinémafricart (Tunis). Dawaha, une fiction dans un genre huis clos autour de cinq personnages, offre une aventure maîtrisée cinématographiquement, grâce au talent des comédiens, Hafsia Herzi (Aicha), Sondous Belhassen (Radhia), Dhafer L'abidine (Ali), Rim El Benna (Selma) et Wassila Dari (La mère). Plus expressif qu'un éventuel enchaînement d'effets visuels modernes, ce deuxième long métrage de Raja Amari, nous fait entrer dans son histoire, en plans successifs dans un décor unique, pivotant entre clair et obscur, et invite à réfléchir et à réagir. Comme dans «Satin rouge», la sensibilité féminine et la nature humaine fascinent la réalisatrice. Dans un langage qui n'a rien à voir avec un contexte précis ni un lieu déterminé, et au delà des thèmes simplistes, le film relate une douleur, une souffrance, un malaise, une révolte et un crime que Aicha, enchaînée et éveillée, a commis pour échapper à la vie que sa mère lui imposait de suivre. En dépit de plans muets, parfois ennuyeux, le film est une réelle découverte d'une filmographie dans le genre huis clos. Puisque tous les événements se passent dans un seul lieu, un véritable dédale. Car c'est de l'enfermement de l'individu dont il est question, des amitiés qui naissent et des conflits qui éclatent dans cet intra-muros propice à aller au plus profond de l'âme en dénudant les passions, les sentiments refoulés, les frustrations et les rêves. Il s'agit pour Aicha, uniquement de vivre comme ses semblables. En un instant, elle se met à l'action en mettant fin à la vie de «sa mère», celle qui l'empêche de s'affirmer et d'exister en tant que «femme» comme Selma, belle, séduisante et instruite. Un conte émouvant que Raja Amari a mis en scène dans un thriller, qui s'avère finalement un genre efficace pour rendre l'action dramatique plus intense, plus forte et tragique. A ce niveau, Raja Amari a bien réussi car toute la valeur du scénario réside dans l'évolution des personnalités des personnages et l'intensité du cours des événements qui construisent la progression narrative. En dépit de l'absence d'un dialogue sonore dans le jeu des acteurs, la prise de plans dans ce «Harem» et l'éclat de l'image en sont une parfaite réussite, pour accompagner une mise en scène qui évolue par la succession de rebondissements incessants autour des personnages croyant maîtriser leur destin et tentant de «se délivrer» de cet espace, sombre désuet et sinistre qui les a tant étouffés et confinés. C'est cette demeure, qui renferme à elle seule, les secrets pesants et épuisants, des rapports complexes s'interfèrent entre les personnages du film qui crie la souffrance et l'anonymat et réclame l'identité confisquée et le droit à la vie en dehors des lamelles en bois et des portes cadenassés. «Les secrets», est tout simplement, un film qui touche émotionnellement et stimule intellectuellement.