Le directeur général de Sigma Conseil, Hassen Zargouni s'est attardé aujourd'hui sur le secteur privé en Tunisie. Quel avenir pour deux millions de travailleurs en Tunisie ? Voici son analyse : Chiffre du jour : Le secteur privé en Tunisie occupe 2 millions de travailleurs, le tiers sous forme d'auto-emploi.
En cette période d'épidémie inédite le secteur privé souffre, de la Petite et Moyenne Entreprise tunisienne (PME), jusqu'à la Très petite Entreprise (TPE), eu égard à la fragilité de leur structure financière et leur précarité amorcée. Aujourd'hui l'Entreprise tunisienne est en danger, elle risque d'être en très grande difficulté dans les semaines et les mois à venir. Il faut sauver cet acquis de la nation. Les questions brûlantes qui se posent aux PME et TPE tunisienne ne actuellement sont : - Comment rembourser les échéances bancaires ? Faut-il les suspendre ? Certainement ! Mais avec quelles conditions ? Une garantie de l'Etat est-elle envisageable ? - Comment financer le chômage partiel ou technique ? Par quel mécanisme ? Quel rôle pour l'Etat ? Quel soutien ? - Comment gérer le versement des salaires à la fin du mois ? Comment assurer les transferts sociaux, fisc et contribution sociale ? Faut-il faire un moratoire ? Rappelons ceci : Le secteur privé contribue à l'alimentation des ressources du budget de l'Etat à hauteur de plus de 60%, soit directement à travers le paiement de l'impôt sur les sociétés (près de 20%), soit indirectement à travers la collecte de la TVA (près de 30%) et le paiement des salaires (IRPP près de 15%). Le secteur privé assure plus de 60% des recettes courantes de la Tunisie et environ 80% du total de ses exportations (25 milliards de dinars). Le secteur privé a pris la relève de l'Etat en matière de développement du pays : Il emploie, il alimente le budget de l'Etat et il exporte. Le rôle de l'Etat est de créer les conditions idoines pour l'investissement et la création de valeur et de postes d'emplois dans des entreprises compétitives, par une justice indépendante, une sécurité républicaine, un système de développement humain efficace (éducation, santé et couverture sociale), et des infrastructures numériques et physiques adaptées. Des instances de régulations telles que la BCT, l'INT, le CMF... et d'autres qui pourraient être crées afin de réguler l'activité économique sectorielle. L'Etat donnera les orientations générales pour animer le développement. Libérer les énergies, encourager les initiatives privées, l'entrepreneuriat, et améliorer le climat de l'investissement, telles seraient les actions à mener par l'Etat. Les entreprises doivent s'acquitter de leur dû fiscal, social, environnemental et citoyen, à sa juste valeur pour un développement durable et harmonieux, une croissance inclusive et une économie positive. Il faut sauver nos entreprises et les bassins d'emplois qui vont avec, très vite, avant que le bateau coule... Préparons la période déconfinement ensemble, État, Entreprises et partenaires sociaux. Engageons des accords sectoriels entre les entreprises et l'administration, dans des secteurs clés comme le BTP (le retour des chantiers à l'activité est une priorité), l'agroalimentaire, et le transport, commençons par ça avec des protocoles stricts édictés par les experts (médecine), contrôlés par l'administration et exécutés avec sérieux par les entreprises du secteur privés. Il faut qu'il y ait un minimum de confiance entre les différentes parties prenantes : Administration, Entrepreneurs, Salariés. Le port des masques, la distanciation sociale,... la santé des travailleurs est sacrée ! L'Etat ne doit pas décider seul. Les entreprises doivent survivre. Les salariés doivent être protégés mais aussi doivent continuer en partie ou totalement à revenir à l'épreuve source de revenus dans les meilleures conditions, une fois le déconfinement partiel ou total décidé. Pour l'heure suivons les instructions des médecins : Tout se joue les 2 prochaines semaines. On doit se confiner totalement pour espérer arrêter l'épidémie dans sa phase montante.