L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, mercredi 29 juillet 2020, en plénière le projet de loi portant sur les “mesures exceptionnelles de recrutement dans le secteur public” dans son intégralité avec 159 voix pour et 18 abstentions. Le projet de loi 27/2020 assure aux diplômés de l'enseignement supérieur sans emploi, dont la durée du chômage est de plus de 10 ans, le droit de recrutement direct dans le secteur public selon des critères prédéterminés. Les points de vue des députés étaient partagés entre ceux qui estiment que cette loi permettra d'ouvrir la voie vers le recrutement des diplômés du supérieur sans emploi alors que d'autres élus considèrent que cette loi est ” illusoire “. La Tunisie souffre d'un fort taux de chômage qui vient de s'accentuer avec la dernière crise pour atteindre les 15% mais souffre aussi d'une administration boiteuse qui suffoque sous le poids des fonctionnaires recrutés à tort ou à raison dans l'ère post-révolution générant une masse salariale suffocante et handicapante. Il aurait été logique de penser, dans un monde où on connaitrait les mécanismes de la dynamique économique et de la création de richesses, que la solution serait de renforcer l'investissement et d'encourager l'initiative entrepreneuriale (notamment chez les jeunes). Il aurait été plus adéquat peut-être de renforcer le tissu industriel à fort capacité d'employabilité, de repenser un modèle de développement durable, de limiter les procédures administratives de mise en place ou de capitaliser sur l'agriculture plutôt que sur le tourisme mais non c'est trop compliqué à faire, prend trop de temps et d'effort. Il est alors plus facile et plus évident pour nos députés de renflouer les administrations de fonctionnaires certes diplômés mais comptant au moins dix ans de chômage et d'immobilité, alors qu'on parlait il n'y a pas longtemps de plans sociaux dans la fonction publique pour alléger la masse salariale. Par ailleurs dans un pays qui a fait une révolution pour faire bouger les choses, j'aurais aimé voir plus d'initiative chez les jeunes et plus de mérite. Un jeune, qui après dix ans de l'obtention de son diplôme, dénonce encore qu'on ne lui obtient pas un emploi qu'on ne lui permet pas de vivre dignement, mérite-t-il vraiment qu'on en lui donne ? Entretient-il sa fraicheur d'esprit ? Continue-t-il à apprendre et à développer ses compétences ? Ou alors toute son énergie est déployée dans les manifestations, sit-in et autres mouvements de protestation ? Dans une chanson engagée tunisienne, Lotfi Bouchenak recommande « Ne demandez ce que la Tunisie nous a offert, demandez ce que nous, nous lui avons offert ? »