La grande muette n'aime pas les bavards. Après des années passées au sein des Navy Seals (Acronyme de Sea, Air, Land : « mer, air et terre »), la troupe d'élite de la marine américaine, Robert O'Neill aurait dû le savoir. L'homme, qui a affirmé publiquement avoir tué Oussama Ben Laden en 2011, fait l'objet d'investigations ouvertes par le Pentagone. « Le service d'enquête criminelle de la marine (NCIS) a été saisi d'accusations selon lesquelles M. O'Neill pourrait avoir révélé des informations classifiées à des personnes qui ne sont pas autorisées à recevoir de telles informations », a précisé le capitaine de frégate Ryan Perry. L'homme de 38 ans a affirmé début novembre au Washington Post qu'il avait tué, d'une balle en pleine tête, le chef de la nébuleuse terroriste Al-Qaida le 2 mai 2011 lors d'un raid héliporté à Abbottabad, au Pakistan. L'ancien soldat d'élite avait indiqué au quotidien avoir décidé de donner son nom après une fuite orchestrée par Sofrep, un site Internet d'anciens Seals. Cette dernière était elle-même destinée à couper l'herbe sous le pied de la chaîne américaine Fox News, qui diffusait quelques jours plus tard un documentaire dans lequel il se dévoile. « CONSEQUENCES JUDICIAIRES » Les Navy Seals sont normalement tenus de conserver le secret le plus strict sur leurs missions. Un autre membre de Team Six, l'unité qui a effectué le raid sur Abbottabad, Matt Bissonnette, s'est attiré des ennuis en publiant sous un pseudonyme en mai 2012 des mémoires sans les avoir préalablement soumis à l'approbation du Pentagone. Le gouvernement l'a accusé d'avoir ainsi violé une obligation légale. Et si son avocat est en discussions avec ceux du gouvernement, l'intéressé fait néanmoins toujours l'objet d'une enquête. Dans une lettre rendue publique début novembre, le contre-amiral Brian Losey, chef du commandement des opérations spéciales de la marine et le « force master chief » Michael Magaraci avaient mis en garde leurs hommes sur leur obligation de silence. « Une disposition essentielle de notre code de conduite est : “Je ne rends pas publique la nature de mon activité, et je ne cherche pas à obtenir de la reconnaissance pour mes actions” », avaient alors déclaré les deux gradés : « Nous ne tolérons pas le non-respect délibéré ou égoïste de nos valeurs fondamentales en échange de la notoriété ou du gain financier. » Leur missive se concluait d'ailleurs par la menace de « conséquences judiciaires » pour ceux des Navy Seal qui « viol[ai]ent délibérément la loi » en révélant des informations couvertes par le secret.