Omar el-Béchir, qui dirigeait le Soudant d'une main de fer depuis trente ans, a capitulé en présentant sa démission de la présidence de la République, ce jeudi matin 11 Avril 2019, sous la pression de son peuple et de l'armée nationale. L'annonce de sa démission, tant attendue par les milliers de manifestants campant depuis le 6 avril devant le quartier général des militaires à Khartoum, est intervenue quelques heures seulement après un communiqué publié par l'armée qui indiquait la diffusion d'une« déclaration importante bientôt ». Le départ du président Omar el-Béchir était réclamé par les manifestants, sachant qu'il présidait le Soudan depuis 1989, et tenait à son poste en espérant même s'octroyer un 6ème mandat. Ainsi, après des mois de manifestations, l'armée soudanaise, qui a lâché el-Béchir, s'est retournée contre lui pour soutenir la contestation. A noter qu'Omar Hassan el-Béchir est mis en accusation par la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre durant la guerre du Darfour. A rappeler également que son régime est confronté à partir de décembre 2018 au plus important mouvement de protestation de l'histoire récente du pays. Le soulèvement se forme dans les villes de l'extrême nord du pays, en particulier autour d'Atbara, agglomération ouvrière et fief du syndicalisme soudanais. Les manifestants réclament initialement de meilleures conditions de vie (plus de 20 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté), puis, en raison de la répression, la démission du président. Le 1er mars 2019, Omar el-Béchir a cédé la présidence du parti « Congrès national » à Ahmed Haroun. Il démissionne de la haute charge du pays le 11 avril 2019, après plus de trois mois de manifestations et six jours de rassemblements devant le siège de l'armée, qui est aussi la résidence du chef de l'Etat. Sa décision ouvre ainsi la voie à la formation d'un conseil de transition. El-Béchir aura donc gouverné durant 29 ans, 9 mois et 12 jours. Sa démission intervient 9 jours après celle de son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika (le 2 Avril courant), presque dans les mêmes circonstances.