Le Temps-Agences - La police soudanaise a interpellé des dizaines de femmes qui protestaient hier contre une législation jugée humiliante pour les Soudanaises à la suite de la mise en ligne sur Internet d'une scène de flagellation en public particulièrement brutale. La vidéo mise en ligne depuis la semaine dernière sur YouTube, en mode sécurisé, montre deux policiers en train de fouetter une femme en pleurs devant un public sur une place. Elle subit le châtiment à genoux et les policiers rient pendant la scène. «Humilier vos femmes revient à humilier l'ensemble de la population», hurlaient les manifestantes hier. Une cinquantaine de femmes ont organisé un sit-in devant le ministère de la Justice en brandissant des banderoles. Les policiers en tenue antiémeute les ont enjoints de partir tandis que trois policiers en civil bousculaient au sol la correspondante de la BBC dont le matériel a été confisqué. La totalité des manifestantes a été appréhendée et emmenée dans un commissariat de police des environs. De son côté, le ministère de la Justice a fait savoir qu'il allait enquêter pour savoir si la punition infligée à la femme avait été administrée dans les règles. Selon des Observateurs, cette femme a été condamnée à 50 coups de fouet parce qu'elle avait osé porter un pantalon. Tout comme la journaliste Loubna Ahmed Hussein, qui avait été condamnée à la même sentence, en septembre 2009. Après la médiatisation de l'affaire, elle avait échappé à toute sanction. ---------------------------------- Omar El-Béchir en visite en Zambie Nouvelle épreuve de force avec la CPI Le Temps-Agences - La Cour pénale internationale (CPI) s'attend cette semaine à une nouvelle épreuve de force avec le président soudanais Omar El-Béchir, objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pour crimes de guerre, qui a été invité en Zambie. Omar El-Béchir qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour «génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité» pour sa responsabilité dans le conflit au Darfour, est invité aujourd'hui à un Sommet en Zambie puis à la fin du mois à un festival au Sénégal. Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo affirme que le président soudanais est cerné. Selon les statuts de la CPI, tout pays membre doit l'arrêter s'il pénètre sur son territoire. Toutefois, Béchir qui revendique le soutien de l'Union africaine (UA), s'est rendu cette année sans être inquiété au Kenya et au Tchad, deux pays membres de la CPI qui ont refusé de l'arrêter. "Le président Béchir va continuer à voyager, personne ne sera en mesure de le limiter dans ses voyages", affirme l'ambassadeur du Soudan à l'ONU, Daffa-Alla Elhag Ali Osman. Cependant, après des plaintes de la CPI et des pressions internationales, quelques portes diplomatiques se sont fermées. L'Afrique du Sud et l'Ouganda ont prévenu qu'ils arrêteraient le président soudanais s'il venait chez eux. Un Sommet sur l'Afrique de l'Est qui devait se tenir en octobre au Kenya, a été déplacé en Ethiopie, un pays non membre de la CPI, pour que Béchir puisse y assister. Le Soudan a boycotté un Sommet UA-UE (Union européenne) en novembre après des menaces européennes de ne pas s'y rendre si le président soudanais y participait tandis qu'une visite de Béchir en Centrafrique prévue en décembre n'a pas eu lieu. Ocampo, lors d'une réunion à New York des pays membres de la CPI, a résumé ainsi la situation: "Il n'est pas assigné à résidence, il est assigné à son pays". "Lorsqu'il est à l'étranger, il vole avec la moitié de son armée de l'Air car il sait qu'il peut être arrêté", a-t-il ajouté. "El-Béchir sera arrêté", a affirmé le procureur selon lequel le génocide au Darfour continue. Mais Ocampo quitte son poste en 2012 et sait qu'il n'est pas sûr de voir l'arrestation de Béchir avant la fin de son mandat. Selon des diplomates, le magistrat a demandé à la CPI d'enquêter sur des informations faisant état de la présence aujourd'hui de Béchir à une réunion des dirigeants des pays des Grands Lacs à Lusaka, la capitale zambienne.