Sofiane Chourabi est un jeune activiste militant qui n'a pas attendu les évènements du 14 janvier pour dire que le système allait mal. De l'époque où cracher par terre à chaque fois qu'on foulait le sol d'une rue du 7 novembre, était considéré comme un acte de militantisme, Chourabi lui postait déjà des articles et des vidéos qui pointait du doigt le régime Ben Ali. Cette vidéo où il sert de témoins à la chaine France 24 pendant les évènements du 17 décembre 2010 au 14 janvier 2011 en atteste : Par la suite, Sofiane a obtenu le prix International de Omar Ourtilane pour la liberté de Presse en 2011, qui lui a été remis par « El Khabar » un quotidien algérien. Il était venu en témoigner dans nos locaux. (à regarder ici) Sofiane travaille chez Nawaat, un journal électronique censuré à l'époque de Ben Ali. Dans la nuit du 4 au 5 août, en plein mois de Ramadan, Chourabi et ses acolytes, Mehdi Jlassi et Asma Moussa, s'en vont passer la nuit sur une plage de Kélibia, sous une tente. Aux alentours de 4h du matin, un homme passant par là, s'empresse d'accomplir son « devoir » de citoyen, en alertant la police. Cette dernière, dans ce genre d'affaire, ne se fait pas prier deux fois, et est allée perquisitionner la tente des accusés. Mais que découvre-t-elle ? Stupeur et stupéfaction ! Une fille, deux garçons sous la même tente, et accessoirement de l'alcool… Tout ça pendant le mois de Ramadan ! De quoi choquer les plus barbus d'entre nous ! L'équipe se fait arrêter illico presto et Chourabi s'empresse de le signaler sur Facebook. J'ai été arreté au Poste de Menzel Temim D'abord réticents, ces amis s'activent ensuite, appellent le poste de Police en question pour confirmer l'arrestation ensuite contactent des avocats, et s'en vont à sa rescousse. Pour l'anecdote, Mehdi Jlassi avait été arreté du temps de Ben Ali pour appartenance au mouvement islamiste alors interdit. L'arrestation de Sofiane Chourabi le matin même de la manifestation du 5 aout, a mis la puce à l'oreille à plusieurs chercheurs de petite bête. La campagne virtuelle pour la liberation de Chourabi ne s'est pas faite attendre. Toute la presse en a parlé, même à l'étranger. Express FM a interviewé son avocate, et a réussi à obtenir une déclaration du ministère de l'intérieur, qui a annoncé que cette arrestation n'avait rien de politique et qu'elle ne concernait en rien la liberté d'expression : "C'est une affaire d'outrage aux bonnes moeurs". Apres ce remue-ménage, les autorités ont reculé face à la pression qui s'exerçait sur la détention de Sofiane Chourabi. Il a été libéré ce matin. Si une grande partie de la toile tunisienne a soutenu Sofiane face à la police, certains n'etaient pas de cet avis, notamment Yassine Ayari, qui a publié un article, expliquant que Sofiane devait passer devant la justice en se soumettant à la loi, le fait qu'il soit journaliste reconnu ne doit pas lui procurer des privileges devant le juge. La morale de l'histoire c'est que si tu es pauvre et que tu n'es pas connu et reconnu, alors évite de boire de l'alcool durant Ramadan. .