De l'encre a coulé sur une certaine nomination (néanmoins certaine)à un poste de délégué, de Majdouline Cherni, sœur unique de Socrate Cherni, agent de la garde nationale, mort lors d'une embuscade terroriste avec 5 de ses collègues, en octobre 2013, à Sidi Ali Ben Aoun. Peut-être en a-t-on trop parlé, pour certains ?! Ce que l'on voudrait souligner à ce propos, dans ces quelques lignes, c'est ce qui se rapporterait à un certain dysfonctionnement quant aux dernières nominations des délégués, dans la perspective de leur gestion sur la seule base de la compétence et de l'indépendance. Non que Majdouline Cherni ne soit pas dotée de ces deux qualités requises ; ce serait injuste à son égard que d'alléguer hasardeusement une telle donne ! Cependant, certaines remarques ne seraient pas inutiles à relever, au-delà même de l'aspect procédural de l'information de l'intéressée puisqu'au départ on a été informé de sa satisfaction suite à cette nomination, et le lendemain, on nous a rapporté ses réserves sur l'esprit de la nomination et la manière de la communiquer (ou de ne pas la communiquer). En tout cas le nom de l'intéressée est bel est bien sur la liste officielle des 87 nouveaux délégués, avec désignation à Jendouba. Il semble même que plusieurs autres proches de martyrs aient été nommés à des postes de délégués, laissant croire que ces nominations sont accordées comme des formes de compensation, ce que la sœur de Socrate paraît refuser par principe (de sagesse socratique ?), d'autant plus qu'en tant qu'architecte, on pourrait se demander si le poste de délégué, dans les conditions actuelles du pays, est pour elle vraiment une compensation, à supposer qu'elle en attende une ! Car nous croyons savoir qu'elle n'a d'objectif que de dévoiler la vérité sur la mort de son frère. Là se pose alors une question importante : Dans quelle mesure une personne encore sous l'effet d'une douleur profonde peut-elle être dans la neutralité affective et l'indépendance politique attendues pour l'étape à venir ? C'est de petites coulées comme celle-ci, apparemment sans grand effet sur le cours des choses, qui pourraient converger et constituer une marée diluvienne difficile à contenir. A moins de trop relativiser cette clause de la feuille de route du nouveau gouvernement, stipulant la révision des nominations sur la base de la compétence et de l'indépendance ; auquel cas, il faudrait revoir la feuille et peut-être même la route avec.