Oui, absolument ! Et voici pourquoi, et dans quelle mesure. La Révolution tunisienne est avant tout populaire et ne dépendant d'aucun leadership politique ; c'est ainsi qu'en toute honnêteté, le ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement provisoire a expliqué la situation aux ambassadeurs européens accrédités en Tunisie. Ceci étant clair comme de l'eau de roche, il a souligné que ce gouvernement reste à ce jour la meilleure voie pour assurer la transition (vers des élections dans quelques mois), respecter la Constitution et, surtout, éviter un vide politique qui serait fatal à notre démocratie naissante. La question de fond, c'est la continuité de notre Etat (car c'est de cela qu'il s'agit) et elle nécessite un interlocuteur crédible à proposer à tous ceux qui s'adressent à la Tunisie. Les diplomates européens le savent pertinemment et, comme un seul homme, ils ont clairement signifié que leurs pays soutiennent le gouvernement provisoire. Cette attitude des Européens, nos premiers partenaires en tout, est un signe fort qui ne doit pas nous échapper. Elle nous apporte une nouvelle crédibilité sur le plan international (il y a quelqu'un auquel on peut s'adresser) et elle devrait nous apporter de la sérénité sur le plan local (comme quoi nous continuons, en tant qu'Etat, à faire face à nos engagements). Quel est le devoir de chacun d'entre nous envers ce soutien européen ? D'abord comprendre qu'aucun soutien n'est inconditionnel ! ''On vous fait confiance, vous devez être à la hauteur.'' Ensuite, bien saisir que, pour encourager ce soutien indispensable, nous avons besoin d'une forme convenable de normalité. Les affaires courantes... sont le premier niveau incontournable. Ceux d'entre-nous (que nous espérons très nombreux) qui croient que ce dont nous avons le plus besoin aujourd'hui c'est de calme, de patience et d'unité des intentions doivent afficher clairement leur soutien au gouvernement provisoire.