La faillite d'Enron, la débâcle de l'une des plus prestigieuses firmes mondiales de comptabilité, les poursuites pénales et civiles à l'encontre des dirigeants, de certaines institutions financières et de cabinets d'avocat, la volatilité des marchés causée par les corrections répétées apportées aux informations financières publiées, ont eu un impact qui a dépassé les frontières américaines pour affecter l'ensemble des marchés financiers, les investisseurs de tout bord et l'économie mondiale. Que s'est il passé ? Que doit-on faire ? Comment se prémunir contre de tels désastres financiers ? Le monde de la finance et de l'investissement a besoin de réponses.
Il est indéniable qu'il s'agit d'une fraude comptable d'une grande ampleur. Ni la mécanique bien huilée des principes comptables et d'audit en vigueur aux états unis, ni la panoplie de règles et de mécanismes Ô combien rigoureux de corporate governance n'ont pu empêcher ce drame de se produire.
Pourquoi ? La réponse est simple : C'est la folie humaine ! Car quoi que vous fassiez pour établir les règles les plus rigoureuses en matière de comportement et de conduite, leur respect et leur stricte application dépendront toujours de la discipline de celui qui est censé s'y conformer et de celui qui est en charge de les faire respecter.
Et en matière de reporting financier, les US GAAP (Generally accepted accounting principles ) ont été mal utilisés par les dirigeants d'Enron et les US GAAS ( Generally accepted auditing standards ) ont été mal utilisés par le groupe de personnes en charge de l'audit de cette société. Mais où sont donc passés les autres acteurs : les canaux de diffusion de l'information financière, les analystes financiers, les investisseurs et les autres parties prenantes ?
Il paraît qu'il y a eu une chaîne de complicité qui s'est constituée autour du jeu d'Enron, que cela plaisait à tout le monde qui trouvait son compte dans cette ascension fulgurante de la valeur Enron.
C'est ce qui a grippé la mécanique.
Que faut il faire pour prévenir de tels désastres ? Il faut, selon l'avis de plusieurs grands spécialistes, revoir le modèle actuel de reporting financier en :
Clarifiant les rôles des différents acteurs de la chaîne de production de l'information et en les rendant plus interdépendants : dirigeants, commissaires aux comptes, canaux de distribution de l'information, analystes, investisseurs, régulateurs, normalisateurs Favorisant l'émergence et en imposant le respect de principes comptables internationaux , Développant des standards de reporting et d'évaluation spécifiques aux secteurs d'activité, Mettant en place des guides pour l'élaboration de l'information spécifique à l'entreprise.
Ces mécanismes ne sauraient à eux seuls assurer la production et la diffusion d'une information transparente. Il faut aussi moraliser le comportement des hommes en mettant en place des codes d'éthique et de bonne conduite pour les différents acteurs de la chaîne de production de l'information et en mettant en place des systèmes de surveillance qui assurent le respect de ces codes. 17-10-2002 Ahmed BELAIFA Expert Comptable