«L'Europe vous a regardés et doit vous aider dans cette transition», déclare Michèle Sabban, présidente de l'Assemblée des Régions d'Europe (ARE), en visite officielle en Tunisie en compagnie d'une délégation composée des membres de l'ARE. «En 48 heures, nous avons essayé d'écouter, de comprendre. Nous avons pris un signal fort sur les engagements à prendre. Une révolution c'est beau, c'est fort, c'est puissant. Mais elle demande un énorme travail à faire sur le long terme», ajoute-t-elle. La visite de cette délégation européenne a pour objectif de processus de décentralisation en préparation en Tunisie. C'est dans ce sens d'ailleurs qu'un protocole d'accord a été signé, le 13 mai 2011, entre le ministère du Développement régional et l'ARE afin de concrétiser cette coopération par des projets, ce qui qualifie, par ricochet, la Tunisie à être membre observateur de l'organisation. Trouver des solutions pérennes Pour Abderrazek Zouari, ministre du Développement régional, la Tunisie est appelée à s'inspirer des expériences des autres pays en matière de gouvernance locale pour pouvoir mener à bien sa politique régionale. «Ce n'est pas un accord entre une région tunisienne et une région européenne; mais un accord entre la Tunisie et 270 régions européennes», souligne-t-il. A l'issue de cette visite, la délégation de l'ARE identifiera, d'ici fin juin 2011, les projets de coopération susceptibles d'être réalisés par la consultation des différentes régions membres, laquelle consultation mobilisera des groupes de travail composés d'élus régionaux européens, des représentants ministériels tunisiens, des experts des chambres de commerce tuniso-européennes et des acteurs de la société civile européenne. «Vous êtes dans une course où il ne faut pas avoir un excès de vitesse. Pour gérer l'attente, il faut trouver des solutions pérennes qui aboutiront à une gouvernance pérenne», lance Mme Sabban. Un projet a été déjà mis sur table, «Eurodyssée», un programme de mobilité européenne, qui a concerné jusque-là 20 mille jeunes européens. «Ce programme a bien marché en Europe et ça doit marcher en Tunisie», indique la responsable de l'ARE. Il engage le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi et le ministère de l'Enseignement supérieur puisqu'il vise les jeunes diplômés de la formation professionnelle et de l'enseignement supérieur, qui bénéficieront d'une expérience professionnelle dans les régions européennes. Comité de supervision Le protocole d'accord et les projets à réaliser seront suivis par un comité de supervision qui sera créé en Tunisie. Il comprendra des représentants des ministère du Développement régional, de la Formation professionnelle et de l'Emploi, et de l'ARE et d'ONG. Sa coordination est confiée à la Chambre tuniso-italienne de commerce et d'industrie en collaboration avec les autres CCI. «Nous avons signé pour le meilleur et pour le pire. J'espère que ça sera plutôt pour le meilleur», souhaite Mme Sabban. Pour elle, la Tunisie fait partie intégrante de l'Europe, d'où il existe un besoin réciproque de consolider la coopération entre les deux parties. Concernant la coordination des actions à adopter, M. Zouari affirme qu'il appartient aux régions tunisiennes d'identifier leurs besoins et leurs priorités de développement exprimés par la société civile (ONG), comme le stipule l'article II du protocole d'accord. «Le ministère de Développement régional aura seulement un rôle de coordinateur», souligne-t-il. Cependant, face à cette kyrielle d'associations qui ont poussé comme des champignons depuis le 14 janvier 2011, la tâche du ministère ne sera pas des plus aisées pour coordonner ces différents organismes. M. Zouari estime fondamental, tout d'abord, de changer la loi sur les associations qui ne s'adapte plus au contexte actuel, et précise qu'il est prévu la création d'une direction générale d'appui à la société civile, d'autant plus que ces associations ont besoin de formation, de financement et de coaching pour bien mener leurs actions.