Un collectif de cinquante experts-comptables a déposé, vendredi 3 juin 2011, une plainte au procureur de la République auprès du tribunal de première instance de Tunis contre le président et les membres du Comité des contrôleurs d'Etat. Pour en savoir plus, nous avons contacté l'avocat chargé de l'affaire et un expert-comptable pour connaître l'origine et le motif sur lequel la plainte a été fondée. «Ce collectif estime que la majorité des experts-comptables a été lésée par le système et le climat de corruptions et de malversations qui régnaient et que rien n'a changé après la révolution», précise l'avocat. Il ajoutera: «alors que la loi prévoit que la nomination des réviseurs légaux des entreprises et entités publiques obéit à la procédure d'appel d'offres conformément à un cahier de charges fixé selon des critères visant à garantir le principe de l'égalité des chances, ce principe, selon ces experts comptables, n'a pas été respecté et une minorité d'experts-comptables a été favorisée au détriment de la majorité». Un expert-comptable, qui figure parmi le collectif qui a déposé la plainte, a précisé que le conseil de l'Ordre des Experts-Comptables de Tunisie (OECT) a fait savoir à maintes reprises le mécontentement des experts-comptables de la situation par des courriers adressés au Premier ministère et au Comité des contrôleurs d'Etat avant et après la révolution, sans pour autant recevoir de réponses convaincantes. «À cet égard, le conseil de l'OECT a décidé de porter plainte et a demandé notamment aux experts-comptables de boycotter les appels d'offres», précise l'expert-comptable. Par ailleurs, toujours selon notre interlocuteur, le Comité des contrôleurs d'Etat relevant du secrétaire général du gouvernement, chargé de la supervision de ces appels d'offres, n'a pas joué son rôle et a même été l'instigateur de plusieurs agissements contraires à la loi. «A titre d'exemple, en 2007 et après la notification de la nomination d'un cabinet d'experts-comptables à TUNISAIR, la décision n'a pas été respectée et ce cabinet a été écarté au profit d'un autre et malheureusement ce cas n'est pas isolé et la mainmise sur ces appels d'offres, qui ressemblait plus à des nominations, a touché plusieurs entreprises», accuse l'expert-comptable. Par ailleurs, beaucoup parmi ces experts-comptables s'interrogent sur le rôle joué par ce Comité dans les rémunérations exorbitantes que percevaient les réviseurs légaux proches du pouvoir pour des diligences spécifiques et autres prestations. «Et plus rien ne va plus lorsque ce Comité ne fait rien pour faire respecter les engagements pris dans les cahiers de charges», scande l'expert-comptable. Cependant, les deux avocats chargés de l'affaire n'ont pas souhaité s'exprimer sur le fond de la plainte. Affaire à suivre .